Billet - La Vie Parisienne
À l’heure où les séquelles de la guerre de Libye n’empêchent pas le stratège en chambre que le monde entier ne nous envie pas, d’en vanter le succès et de loucher vers la Syrie, on peut relire à 2 200 ans de distance ce discours de Paul-Émile, général et consul romain, cité par L’Encyclopédie à l’article « Guerre » :
Il y a des gens qui, dans les cercles et les conversations et même au milieu des repas, conduisent les armées et prescrivent toutes les opérations de campagne : ils savent mieux que le général qui est sur les lieux où il faut camper et de quel poste il faut se saisir, où il est à propos d’établir des greniers et des magasins, par où, soit par terre soit par mer, on peut faire venir des vivres, quand il faut en venir aux mains avec l’ennemi et quand il faut se tenir en repos. Et non seulement ils prescrivent ce qu’il y a à faire, mais pour peu qu’on s’écarte de leur plan, ils en font un crime au consul et le citent à leur tribunal.
Sachez que cette licence apporte un grand obstacle au succès de vos armées et au bien public. Tous vos généraux n’ont pas la fermeté et la constance de celui qui aima mieux voir son autorité insultée par la témérité d’une multitude indiscrète et imprudente, que de ruiner les affaires de la République en se piquant à contretemps de bravoure pour faire cesser des bruits populaires.
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