La Grande Guerre peut être encore relue avec un regard stratégique et non exclusivement historique. Aujourd’hui encore, des leçons peuvent en être tirées pour mieux comprendre l’art de la guerre, notamment sur la question de la manœuvre. La dimension logistique qui a été essentielle, ou l’organisation du commandement recèlent bien des enseignements qu’il ne faudrait pas oublier pour nos opérations actuelles.
Y a-t-il des leçons stratégiques à la guerre de 1914-1918 ?
Are there Strategy Lessons from the War of 1914-1918?
The Great War can be reviewed again with a strategic and not simply historic view. Even today, lessons can be learned in order to better understand the art of war, notably on the question of maneuvers. The essential logistical dimension and the organization of command contain many teachings that we must not forget for our current operations.
Une telle question est bien sûr provocatrice. Nous avons tous lu les « enseignements » de ce conflit, notamment la dispute entre offensive et défensive entre les deux guerres, la question du couple char-aviation, la percée de Guderian, conceptuelle avant d’être ardennaise… Mais en fait, tout cela nous l’avons lu parce que nous savions que la Première Guerre mondiale était Première, donc qu’il y en avait une Seconde. Nous avons tous observé la Première à la lumière de la Seconde. Ici, ce qui m’intéresse, ce sont les leçons stratégiques que l’on pourrait tirer du conflit sans savoir la suite. Des leçons que l’on pourrait tirer aujourd’hui.
Qu’il soit précisé que je ne suis pas historien, ni spécialiste de la période et encore moins connaisseur d’histoire militaire. Bref, je revendique le droit de dire des bêtises comme tout honnête homme. De même, je me concentre sur la stratégie terrestre sans ignorer la naissance de la guerre aérienne ni la part non négligeable, même si peu connue, de la guerre navale au cours du conflit. Enfin, je céderai à un défaut bien français, celui de me concentrer surtout sur le front occidental, tout simplement parce que je le connais mieux. Toutefois, si la guerre suscita une mobilisation mondiale elle fut principalement européenne, mais avec des fronts italiens, balkaniques et russes (et bien sûr proche-orientaux, hors d’Europe) qui ne devraient pas être omis dans une perspective globale. Compte tenu de toutes ces limitations (dues principalement à mon ignorance), qu’on me permette tout d’abord de retracer les grandes options de la guerre. Cela permettra justement de tracer les leçons stratégiques qui nous paraissent encore utiles un siècle plus tard.
Une guerre moins statique qu’on le dit
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