La Grande Guerre a vu le début de l’aviation militaire, en passant d’un stade « artisanal » à une mise en œuvre quasi industrielle. L’emploi et la doctrine, les équipements et les avions eux-mêmes ont connu une accélération et modernisation exponentielles qui ont permis l’essor spectaculaire du secteur aéronautique.
L’aéronautique militaire pendant la Première Guerre mondiale
Military Aviation During World War I
The Great War saw the debut of military aviation, passing from an “artisanal” stage to a quasi-industrial implementation. The use, the doctrine, and even the equipment and planes themselves experienced an exponential acceleration and modernization which permitted the development of the aeronautical sector.
Entre coopération tactique, intervention opérative
et action stratégique
Aussi faible et embryonnaire qu’elle fût, lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, l’aéronautique militaire joue un rôle stratégique dès le début des hostilités en août 1914. Presque exclusivement employées aux missions de reconnaissance et de liaison, les escadrilles sont rattachées directement au 2e bureau de chaque armée. C’est à l’état-major de Gallieni qui commande le camp retranché de Paris que le caporal Louis Blériot et le lieutenant André Wateau rapportent le renseignement qui permettra à Joffre de lancer la contre-offensive de la Marne, renseignement confirmé le lendemain par le capitaine Georges Bellenger qui commande l’aviation de la VIe armée. En face, le IVe corps de réserve qui a pour mission de flanc-garder l’armée de von Kluck du côté de Paris n’a pas d’avions et n’a pas repéré la 6e armée de Maunoury qui se prépare à donner le premier coup sur le flanc droit de l’armée allemande (1). Du côté allemand, l’aviation – plus nombreuse avec 245 avions contre 158 pour les Français sans compter les engins du comte von Zeppelin – joue un rôle identique dans la victoire de Tannenberg en repérant la cavalerie russe. Lorsque quelques mois plus tard les états-majors songent au développement de l’aviation, ils pensent au bombardement stratégique, c’est-à-dire au-delà de la zone d’opérations, tant du côté français avec la création du groupe de bombardement n° 1 en novembre 1914 que du côté allemand avec la mise sur pied, à la même époque, du Brieftauben Abteilung d’Ostende destinée à bombarder Londres.
La naissance de l’aviation de coopération
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