La crise ukrainienne met en lumière toutes les ambiguïtés de l’Europe des Balkans, tiraillée entre l’UE pour son développement économique, l’Otan pour sa sécurité, et la Russie. À cela s’ajoutent les contradictions des politiques intérieures de chaque État où le nationalisme risque d’exacerber les passions. Ce tour d’horizon permet de mieux comprendre les enjeux à venir pour cette partie de l’Europe trop souvent oubliée.
Comment l’Europe balkanique se positionne face à la crise ukrainienne
The Position of the Balkans Faced with the Crisis in Ukraine
The Ukrainian crisis shines a light on all the ambiguities of Balkan Europe, pulled between the EU for economic development, NATO for security, and Russia. Added to this are the contradictory domestic policies of each State where nationalism risks intensifying furor. This overview provides a better understanding of the challenges to come for this too often forgotten part of Europe.
La crise ukrainienne a marqué indubitablement un changement de cycle majeur dont les implications stratégiques conditionneront l’agenda géopolitique et économique de ces prochaines années, au plan européen et international. Dans ce contexte de radicalisation consacré par une détérioration flagrante des relations entre États-Unis et Russie d’une part, et par une distension relative des liens continentaux entre les États-membres de l’Union européenne et Moscou d’autre part, l’Europe balkanique (incluant ici Balkans occidentaux et orientaux) se trouve placée au cœur d’une configuration extrêmement complexe tant sur le plan politique qu’économique. Face à la montée des tensions, sur fond de la politique de sanctions décrétée par l’Union européenne à l’égard de la Russie, appelant celle-ci en retour à mettre en œuvre un embargo sur les produits alimentaires, voici donc des États balkaniques malmenés osciller entre allégeance géopolitique et prise en compte de leurs intérêts économiques spécifiques.
À la manière d’un passé tumultueux marqué par l’empreinte des guerres, les nations balkaniques semblent subir une fois encore ce changement de donne géopolitique générateur de désordres et de fragmentation, y compris au plan régional.
Certes, il faut constater, comme dans le cas de la conférence pour les Balkans organisée à l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel, qu’il existe un engagement européen et une vocation à intégrer l’Union européenne affichés par plusieurs États régionaux, soit qu’ils aient été admis au sein de l’Union, soit qu’ils aient obtenu le statut de pays candidat ou qu’ils y aspirent. Il n’empêche que, sans nullement chercher à dévaloriser ce sentiment de solidarité à l’égard du continent européen forgé par la longue histoire, on pourrait émettre certaines réserves sur le fait qu’une telle démarche faiblement coordonnée et souvent subordonnée à des enjeux de politique intérieure, surtout faisant de cette option l’instrument d’un rattrapage économique national, ne peut convenir pleinement aux nécessités d’un équilibre balkanique d’ensemble alors que les pressions internationales et politico-économiques vont en s’exacerbant. N’eût-il pas été plus sage de privilégier une méthode veillant à la stabilisation interne de la région et à l’élaboration d’un modèle de développement économique concerté et coopératif plutôt que d’entreprendre cette quête, en ordre dispersé, alors qu’un certain nombre d’enjeux communs, de grands chantiers régionaux eussent pu articuler visées européennes et approche régionale ?
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