Billet - Saint Gamelin, priez pour nous !
Comme chaque année, il y eut dans la hotte de Saint Nicolas des coffrets de DVD, sans doute pour qu’on ne manque pas ces feuilletons que l’on évite pourtant soigneusement lors de leurs diffusions sur petit écran. Cette fois ce fut Borgen, la série danoise aux multiples récompenses, de ce genre que nos chaînes sont censées ne pas savoir faire ni même copier et qui relate l’élection et les débuts d’un Premier ministre comme on raconte la politique à la cafétéria de Sciences Po. Dans la première saison, ce qui retient la protagoniste est la « révélation » des Torture Flights de la CIA : comment, ce n’étaient pas des charters de touristes, on nous aurait menti… ? Et les Danois, quoique gérants du Groënland, de découvrir ce que savent les lecteurs de BD qui se plongèrent dans les Buck Danny et autres Tanguy et Laverdure : l’US Air Force utilise la base de Thulé à sa guise ; elle y perdit naguère quelques bombes thermonucléaires, avant semble-t-il d’y égarer une poignée de supposés taliban.
Ces gens du Nord sont bien déroutants. Parce que lorsqu’un aérodrome est utilisé par un allié encombrant pour y cacher de faux secrets de famille, que fait-on ? C’est simple, on fait venir le SACEUR dans son bureau élyséen au début des années 1960, on lui demande combien de bombes nucléaires sont entreposées sur le site de Châteauroux, et comme le général américain refuse de livrer l’information, on le raccompagne en lui annonçant que c’est la dernière fois qu’un Président français s’entend répondre cela. Et quelque temps plus tard, on lui signifie la fin du bail.
C’est simple, enfin ça devrait l’être même lorsqu’on ne s’appelle pas Charles de Gaulle, aussi simple que lors de l’invasion de l’Irak et la poursuite de ces armes de destruction tellement massives qu’on les cherche encore. Et l’on ne sache pas que le Danemark a beaucoup soutenu la France lorsque celle-ci fut agonie d’injures par Fox News et le Département d’État. Alors maintenant il faut assumer, ne pas pleurnicher parce qu’on a fait une guerre à l’insu de son plein gré, style Petit Gibus scandinave, « si j’aurais su, j’aurais pas y allé »…
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