Billet - La France en sa raison
Il arrive souvent, au gré des lectures, que l’on tombe sur des textes oubliés, des ouvrages qui ne connurent qu’une édition, des auteurs passés à l’oubli. Celui-ci extrait d’un essai de 1931 titré La guerre est pour demain, était signé Ludwig Bauer et parle de la France obsidionale d’hier et d’aujourd’hui : « Voilà un grand peuple, le plus équilibré de tous, celui qui, entre tous, possède les réserves morales et matérielles les plus fortes, et ce peuple veut la paix à tout prix. Il n’y a pas un seul Français qui veuille prendre quoi que ce soit à un autre pays.
Toutefois, ce n’est pas seulement dans ses méthodes, mais aussi dans son caractère que le Français n’est pas militariste. Il n’aime ni se mettre en rang ni obéir. Il est sceptique à l’égard des grands mots. Il a eu toutes les maladies infantiles de l’héroïsme et il en a suffisamment souffert. Il considère son armée comme un mal nécessaire. (Mais) entre lui et les autres, il y a ce fossé profond qui s’ouvre béant entre les rassasiés et les affamés. Avec une défiance infinie, le Français considère le vaste monde : il ne reste d’autre solution que d’armer, que d’être fort et de conclure des alliances ? Seulement, l’expérience l’a enseigné au Français, cela peut à la rigueur servir à gagner la guerre, mais non à l’éviter.
De plus, toute sa vie est enclose dans la forme, la mesure et la raison. Et cette mentalité bourgeoise, le Français la transpose également sur le plan historique. Il n’y a pas deux morales, l’une pour l’individu, l’autre pour l’État à qui tout serait permis. Sa tendance innée à tout considérer du point de vue juridique rend plus difficile une entente quelconque ; car l’Histoire universelle n’est pas un procès et un peuple qui n’a pour lui que d’avoir raison est perdu.
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