The New Military in Russia: ten Myths that shape the Image
La relecture des événements et l’analyse des faits auxquelles Richard F. Staar se livre remet en question des idées trop largement acceptées par les hommes politiques occidentaux et le public au sujet de la Russie. L’auteur réfute un grand nombre d’idées reçues qui déforment la perception que l’on a de ce pays et grâce à une argumentation de grande qualité – due à une très solide expérience en la matière – il présente une vision de la réalité sans concession, mais sans paranoïa.
Dans la présentation de dix mythes qui donnent une image fausse de la situation, on découvre que les vieilles habitudes et les vieux réflexes soviétiques demeurent partie intégrante du nouveau système dans lequel rien n’a fondamentalement changé. On relèvera en particulier la pertinence des analyses concernant :
– la persistance du rôle des militaires dans la vie politique du pays et dans les nouvelles institutions (analyse très détaillée du coup d’État d’août 1991, de la tentative de putsch d’octobre 1993, ainsi que des opérations en Tchétchénie) ;
– la nouvelle doctrine militaire et la soi-disant réforme, à la baisse, des forces armées ;
– la fausse mort du complexe militaro-industriel et l’apparent problème de la reconversion des industries de défense (l’auteur décrit les nouveaux programmes en cours et les recherches concernant les armements pour le XXIe siècle) ;
– le caractère artificiel de la Communauté des États indépendants, laquelle demeure, en réalité, une structure très centralisée aux mains de Moscou ;
– le mirage des forces armées indépendantes des nouveaux États, lesquelles sont, à l’exception de celles de l’Ukraine, peu significatives et ne représentent ni un complément ni une menace pour la Russie ;
– le non-respect des traités internationaux de désarmement (l’auteur dénonce les effectifs sous-évalués ou dissimulés, les transferts massifs d’équipements à l’est de l’Oural, la persistance des stocks chimiques et biologiques, la modernisation des systèmes ABM et des ICBM).
On appréciera, en fin d’ouvrage, une série de biographies sur les acteurs de la vie politique de la CEI, ainsi qu’une utile présentation des sources ouvertes disponibles dans ces États.
Ce livre est une excellente contribution à la connaissance de la CEI et de son évolution. C’est l’un des ouvrages importants parus sur le sujet depuis la chute de l’ex-URSS. Ce texte intéressera autant les spécialistes des relations internationales que les purs soviétologues. ♦