La question des ressources humaines est au cœur du système « défense ». Or, les choix faits autour de la DRH-MD semblent plutôt fragiliser la problématique RH avec une approche par le haut trop souvent en contradiction avec les besoins opérationnels. La remise à plat des relations entre la DRH-MD et les armées est donc nécessaire, d’autant plus que les déflations décidées accroissent les tensions internes.
Réforme et planification des ressources humaines du ministère de la Défense
Reform and Long-Term Planning of Human Resources in the Ministry of Defense
The question of human resources is at the heart of the “defense” system. Yet the choices made around the DHR-MD seem to rather weaken the HR issues with an approach from on high often contradicting operational needs. A rethinking of the relationship between the DHR-MD and the armed forces is thus necessary, especially as the agreed-upon reductions increase internal tensions.
Voulu par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, la loi n° 2013-1168 du 18 décembre 2013 proclame l’exercice d’une « autorité fonctionnelle renforcée » de la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD) « sur l’ensemble des gestionnaires des ressources humaines ». Cette autorité fonctionnelle renforcée vis-à-vis des gestionnaires, c’est-à-dire des Directions des ressources humaines (DRH) d’armées, s’exerce, en particulier, en matière de pilotage des effectifs et de la masse salariale. Pourtant la DRH-MD n’a pas, en pratique, les moyens d’exercer une pareille autorité. Elle est alors conduite à formuler des directives inadaptées ou inapplicables qui poussent les DRH d’armées à élaborer des stratégies visant à contourner les instructions de l’Administration centrale.
Cet état de fait est à l’origine d’une situation inédite et ubuesque où les autorités du ministère prennent des décisions à partir de données et d’analyses fictives laissant le pouvoir de décision réel aux chefs d’état-major de l’Armée de terre, de l’air et de la Marine qui se trouvent privés d’instance de coordination depuis la suppression de la division ressources humaines de l’état-major des armées (EMA/RH).
Cette contribution se propose d’établir que cette situation, pourtant largement prévisible, relève d’une volonté farouche du président de la République d’appliquer coûte que coûte à la défense une politique néolibérale empreinte d’austérité économique. Elle démontre a contrario qu’il est amplement possible, en renonçant à une telle politique, d’améliorer l’efficacité du ministère grâce à une planification adéquate des ressources.
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