La mer de Chine est l’enjeu de rivalités entre les puissances riveraines, dont la Chine qui ne cache pas ses ambitions et qui s’en donne les moyens. Face à Pékin, l’ASEAN tente d’élaborer une réponse grâce à des règles de bon voisinage. Il n’est pas dit que cette tactique suffise à contrer la stratégie chinoise.
Les enjeux de la mer de Chine du Sud entre la Chine et l’ASEAN (1/2)
The Issues of the South China Sea Between China and ASEAN(1/2)
The South China Sea is the prize in the rivalry between riverside powers, and so China does not hide its ambitions or that it has the means to achieve them. Faced with Beijing, ASEAN is trying to develop a response withing its rules of being a good neighbor. It is not thought that this tactic will be enough to counter the Chinese strategy.
La mer de Chine du Sud a été identifiée * comme le prochain abcès de tensions en Asie, le nouveau centre mondial de l’expansion et de la rivalité navale (1). L’ancien Premier ministre australien a comparé cet espace aux Balkans en 1913 (2) quand le président philippin Aquino fustigeait la négligence des Occidentaux, leur reprochant une attitude identique à celle qu’ils avaient eue en 1938 face aux avancées allemandes en Tchécoslovaquie (3). D’autres experts affirment que l’avenir de l’Eurasie se joue en mer de Chine (4).
Dans ce contexte lexical très chargé, il est d’autant plus difficile d’y voir clair que toute une série d’enjeux aux effets interactifs complique les explications et introduit une confusion mise à profit par les différents protagonistes. Après plusieurs décennies de tensions larvées, de postures ambivalentes et d’interprétations insidieuses, l’objectivité de l’analyse passe souvent à l’arrière-plan au profit d’une lecture émotionnelle et partisane.
La question des différends territoriaux en mer de Chine du Sud soulève de nombreux enjeux dans une voie de passage vitale : enjeux fonctionnels (énergie, pêche, commerce…), enjeux politiques (frontières et souveraineté), enjeux diplomatiques (Code de conduite), enjeux de puissance (dans la région et entre les grandes puissances). L’objectif n’est pas ici de les détailler (5), mais de tenter de démontrer comment ils s’imbriquent les uns dans les autres pour former un système. Système de plus en plus animé par des flux en provenance de Chine et dont la direction normative est revendiquée par Pékin, qui s’est donné depuis trente ans, les moyens pour faire prévaloir ses arguments.
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