Leclerc, maréchal de France
La biographie qui nous est proposée arrive à un moment opportun : le 50e anniversaire de la libération de notre territoire fournit en effet l’occasion de rappeler aux jeunes générations les événements qui ont marqué la fin d’une période d’asservissement et de souffrances du peuple français, grâce au courage et au génie de grands chefs militaires. Parmi ceux-ci, le maréchal Leclerc reste toujours l’un des plus prestigieux modèles d’entraîneur d’hommes dont notre pays est fier.
Instructeur à Saint-Cyr (1935-1936), ce chef exemplaire suscite déjà une profonde admiration de la part de ses élèves, notamment du plus jeune d’entre eux Jean Compagnon. Après s’être évadé de France en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres. Animé d’une farouche volonté d’effacer l’humiliante défaite de notre armée face au rouleau compresseur allemand, ce combattant infatigable remet sur pied une unité opérationnelle et se lance dans une glorieuse épopée qui le conduit successivement au Tchad, en Libye et en Tunisie (1940-1943). À la tête de la 2e DB, il débarque en Normandie peu de temps après le Jour J, libère Paris, puis Strasbourg et s’empare finalement de Berchtesgaden. La victoire alliée en 1945 lui laisse peu de répit. Sitôt la Seconde Guerre mondiale terminée, il est envoyé sur le front d’Extrême-Orient en tant que commandant des troupes françaises en Indochine. Dans ce conflit d’un type nouveau, Leclerc s’impose par son charisme et son sens exceptionnel du terrain. C’est en pleine force de l’âge (45 ans) qu’il périt dans un accident d’avion en 1947.
La vie du maréchal Leclerc est décrite avec un très grand souci de précision par l’un de ses plus fidèles subordonnés. Le général Compagnon s’est en effet livré à un véritable travail d’historien en analysant scrupuleusement une somme d’archives et en interrogeant la plupart des témoins (la liste serait trop longue à développer) qui ont participé (de près ou de loin) à des opérations dirigées par le chef légendaire de la 2e DB. En outre, l’exploitation minutieuse de ses nombreuses notes personnelles et de son agenda de l’époque confère à ce récit particulièrement vivant et souvent chargé d’émotion un degré de véracité et de sérieux indiscutable. Beaucoup de critiques seront probablement surpris par la longueur de certains passages, ordres, rapports ou directives. Pour s’en expliquer, le narrateur s’appuie sur l’importance, aux yeux de Leclerc, de chaque mot et sur la méticulosité des faits, absolument nécessaire pour la compréhension d’une période extrêmement riche en bouleversements.
Au-delà de l’œuvre historique, l’auteur rend un hommage vibrant à un personnage attachant, guidé par une foi chrétienne inébranlable et marqué par d’extraordinaires qualités humaines et un sens profond des valeurs patriotiques. Ce document est donc aussi porteur d’un message d’espoir pour la jeunesse d’aujourd’hui, certes désemparée par les incertitudes d’un monde en pleine mutation, mais toujours à la recherche de références : comme Leclerc, il faut réussir à surmonter des situations difficiles en refusant l’échec et en n’obéissant qu’à une seule règle, l’obstination. ♦