L’officier de fantaisie. Une culture de la provocation au XIXe siècle
L’officier de fantaisie. Une culture de la provocation au XIXe siècle
Ce jeune homme commence tôt, mais bien. Entré à Saint-Cyr en 2010, Alexis Guégan écrit son livre à l’École d’application. L’officier de fantaisie, qui l’occupe, vient de loin, mais le XIXe siècle, entre les guerres napoléoniennes et « la cohue sanglante de 1914 », voit se multiplier le personnage. L’attente de la guerre suscite l’ennui, dont il faut sortir. L’officier de fantaisie s’y efforce, luttant contre le spleen à l’anglaise. Voici l’officier mondain, qui traîne au jockey-club, sait se tenir aussi bien au bal qu’au salon ou à table, cultive l’art de la répartie et témoigne avec courage d’une « allégresse désespérée ». Voici le querelleur, qui fait du duel un minuscule substitut de la guerre disparue. Le fantaisiste le plus pur trompe l’ennui par l’excentricité, laquelle s’affiche dans le vêtement et les particularités propres à chaque « arme », parfois dans les travaux. Ainsi de l’excellent Jean-Baptiste Campenon, qui traduit Le jardin parfumé, livre érotique arabe, avant de terminer sa carrière célibataire et ministre de la Guerre sous la IIIe République.
La Première Guerre mondiale, rappelle l’auteur, ne laisse pas place à la fantaisie. Il n’a pas tort, ni tout à fait raison. Les anciens d’entre nous ont encore connu de ces passionnés de la guerre cachant leur nostalgie sous des exubérances de popote. Mais il est vrai que l’armée technicienne ne prête plus à rire. Le livre se termine par une allusion – ambiguë – à de Gaulle. Conférences de presse mises à part, l’humour n’était pas son fort.
Le livre d’Alexis Guegan est un florilège de littérature. La fréquentation des bonnes plumes a affiné la sienne. À suivre.