Billet – French Bashing
Le Français anonyme regarde avec philosophie les relents réguliers de French Bashing qui brassent régulièrement la presse britannique : comme l’écume, il s’agit d’un phénomène naturel qui permet aux Anglais de se sentir bien. Mieux, de se rassurer face à l’angoisse profonde qui les étreint au spectacle de leur décrépitude. Britannia ruled autrefois the waves, mais le seul confetti d’empire qui lui reste se nomme la City, paradis fiscal d’ultras privilégiés qui se gavent sans vergogne à manipuler les cours et les « marchés » : l’écume est faite de bulles, chacun sait ça.
Autant dire que ce qui pouvait être, il y a une ou deux décennies, une poudre irritant l’orgueil national est désormais regardée, lorsqu’on a un peu de bon sens, avec commisération et même, disons-le, avec satisfaction : s’ils se sentent obligés de nous basher, c’est donc qu’ils nous considèrent, c’est donc qu’ils nous envient.
Plus surprenante en revanche semble la traduction française de la chose : car au lieu d’inverser logiquement la moquerie à l’endroit (ou à l’envers) des Anglais, on a pris l’habitude de s’autodénigrer. Déclinologues et pessimistes se surpassent puisque l’esprit français n’a de cesse que d’affirmer « qu’on ne la lui fait pas » et que sa distance critique, surtout et d’abord contre le vieux pays, est le signe de la plus grande liberté d’opinion.
Ces anticonformistes de salons, de terrasses et de plateaux (lieux successifs de fabrication de l’opinion de la ville) panurgisent ainsi à la vogue du moment. Croyant montrer leur supériorité, ils affichent un conformisme d’autant plus plat qu’il est fat.
Il convient logiquement d’exprimer son désaccord et d’être, réellement, à contre-courant. Le seul moyen de se faire entendre consiste alors à proférer une grossièreté. Je m’y risque : je crois au génie français !