Franco-American Naval Relations, 1940-1945
Ce livre du capitaine de vaisseau Koburger est le second consacré à un sujet qu’il connaît bien : la Marine française pendant la Seconde Guerre mondiale. Destiné au public américain et anglophone, il a été rédigé en puisant aux meilleures sources du Service historique de la Marine française, des archives de l’US Navy et de celles du département d’État.
La majeure partie de l’ouvrage est consacrée à la période précédant le débarquement des Alliés en Afrique du Nord et à celle qui suivit cet événement. L’auteur expose clairement et avec une impartialité exemplaire la réalité des faits, en usant de sources irréfutables et en soulignant au passage la fausseté d’une propagande mensongère antifrançaise, d’origine britannique, et dont l’interprétation ne résiste pas à l’analyse.
Les relations navales franco-américaines sont divisées en trois périodes distinctes : de l’armistice de 1940 au débarquement en Afrique du Nord en 1942 (opération Torch) : pendant l’opération de débarquement ; enfin tout au long des années de coopération pour poursuivre la guerre en Europe et dans le Pacifique, tout en aidant la France à reconstruire sa Marine.
Pour la première période, l’auteur décrit avec une grande précision l’état de notre Marine jusqu’en 1942 ainsi que les préparatifs de l’intervention américaine en Afrique du Nord, dont les plans furent élaborés à partir d’octobre 1941, c’est-à-dire six semaines avant l’attaque japonaise de Pearl Harbor. Il analyse les accords Murphy-Weygand, le stationnement des consuls américains en Afrique du Nord et toute la préparation psychologique de l’opération. Une attention particulière est apportée à la situation dans les Antilles françaises, où nos unités navales étaient étroitement surveillées : les autorités américaines étaient persuadées qu’elles allaient appareiller pour Dakar.
Après une courte étude des événements navals de l’opération Torch, qui constituent la seconde période et dans laquelle l’auteur rend hommage aux officiers et aux équipages des navires français pour l’honneur, le courage, la discipline et la détermination dont ils firent preuve au combat, on atteint la troisième période avec l’arrivée à Alger du général de Gaulle et la création d’un commissariat à la Marine. La construction des bases américaines en Afrique du Nord ne se fit pas sans de nombreuses frictions entre les nouveaux alliés et l’auteur décrit avec force détails ces nouvelles relations entre les deux marines. La coopération, qui se traduisit du côté américain par la cession de navires et d’équipements, fut pour l’auteur un véritable succès en permettant à la Marine française de participer aux nombreuses opérations qui précédèrent l’effondrement du IIIe Reich. À la fin des hostilités, la France possédait 400 000 tonnes de navires de guerre.
En conclusion, l’auteur estime que le débarquement américain en Afrique du Nord constitua le tournant décisif des relations navales franco-américaines. Avant cet événement, elles étaient quasi nulles ou filtrées par les Britanniques avec tous les inconvénients, découverts plus tard, d’une propagande tendancieuse et inexacte. Dès la fin de la guerre, ces relations directes s’améliorèrent constamment et prirent la forme que l’on connaît aujourd’hui. ♦