In the service of peace in the Middle-East (1967-1979)
Le général de corps d’armée Ensio Siilasvuo, de l’armée finlandaise, est le fils du célèbre vainqueur de la bataille de Suomosalmi, gagnée sur les Soviétiques pendant l’hiver 1939-1940. Il prit part lui-même à la guerre à partir de 1941 en Carélie et en Laponie ; mais les mémoires qu’il vient de publier portent sur une tout autre période. Il nous fait part de son expérience de douze années passées dans les formations de maintien de la paix de l’ONU au Proche-Orient, entre 1967 et 1979. Affecté d’abord à l’Onust (Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la Trêve, consécutive à la guerre israélo-arabe de 1948), dont il devint le chef à l’époque de la guerre d’usure sur le canal de Suez [1970], il reçut après la guerre d’octobre 1973 [Kippour] le commandement de la seconde Force d’urgence des Nations unies (Funu II) et participa à ce titre aux négociations israélo-égyptiennes du Kilomètre 101, puis de Genève. De 1975 à 1979, il fut le coordonnateur des opérations de maintien de la paix [OMP] au Proche-Orient, opérations qui groupèrent jusqu’à 15 000 Casques bleus.
Aussi ses mémoires de « combattant de la paix », riches de cette expérience de chef et de négociateur, apportent-elles à l’historien de précieuses données sur les événements récents survenus dans cette région. Elles procurent aussi au praticien du maintien de la paix de nombreux éléments de réflexion. Le général Siilasvuo était défavorable à l’établissement de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) en 1978 : « Mon idée était qu’il ne fallait pas donner à l’ONU de mission impossible » sous peine de « gâcher la réputation des opérations de maintien de la paix et de nuire à leur efficacité dans l’avenir » ; mais, dit-il avec amertume, « rien n’était assez cher payé pour le président Carter lorsqu’il fallait sauver la face à Israël en même temps que son propre plan de paix ». Une fois la Finul créée, le général Siilasvuo tenta en vain de la faire doter d’un armement lourd qui la mettrait à l’abri des attaques des milices. Il déplore aussi une certaine attitude passive face à des agressions : « Il était évident que la Finul ne pouvait pas se mettre en guerre contre une des parties, mais il y avait toujours des incidents mineurs survenus à un bas niveau qui auraient nécessité le recours à la force. Quelques bataillons de la Finul le montrèrent bien. De mon expérience personnelle de commandant de la Funu 2, je savais qu’une force de l’ONU ne peut gagner la confiance et le respect des parties si elle ne riposte jamais ».
Œuvre d’un homme cultivé et chaleureux, ce livre est en outre émaillé d’anecdotes personnelles qui lui donnent un charme particulier. ♦