Bill Clinton une ascension irrésistible
Les deux journalistes américains nous tracent un portrait complet de l’homme qui est devenu président des États-Unis en 1993. Après des études brillantes dans les plus prestigieuses universités (Georgetown à Washington, Oxford en Angleterre, Yale dans le Connecticut) et une courte carrière d’avocat, Bill Clinton se lance très tôt dans la politique, en Arkansas où il est élu cinq fois gouverneur (ce qui constitue un record). Sa réussite est certainement due à son dynamisme légendaire, une étonnante capacité de travail, des talents incontestables de communication et de conviction, et le soutien de sa femme Hillary qui a joué un rôle majeur dans l’ascension de son mari grâce à son charisme, son intelligence, son esprit de compétition et ses conseils appropriés.
L’intérêt de l’ouvrage réside également dans la présentation du programme de Bill Clinton. Dans le domaine de l’éducation qui demeure l’une de ses grandes priorités, le chef de l’exécutif américain compte changer les méthodes d’enseignement des enfants et la formation professionnelle des adultes. Il propose la création d’une fondation qui permettra à chaque Américain d’emprunter l’argent nécessaire pour payer ses études. L’étudiant le remboursera à sa guise, par une faible retenue sur son salaire futur, ou par un service civique, dans l’enseignement, la police, la puériculture ou tout organisme d’intérêt général. Dans le secteur économique et social, il veut surtout agir en faveur des classes défavorisées en suggérant une réduction d’impôts sur les bas salaires compensée par des taxes sur les grosses fortunes. Dans son programme de relance, il prévoit de créer 200 000 emplois dans les travaux publics et affirme qu’il assurera la promotion des produits et des travailleurs américains en développant les relations commerciales de la nation « sur des bases justes et équitables ». Le président Clinton prétend que les États-Unis ne devraient pas imposer de quotas à l’importation aux pays qui n’appliquent aucune restriction sur les produits américains exportés. En revanche, il estime que les États qui contrôlent les importations en provenance de l’Amérique devraient subir des mesures de rétorsion.
Pour réduire le déficit budgétaire, le président Clinton propose de diminuer les dépenses militaires d’un tiers dans les cinq ans à venir. Il compte ainsi abandonner la production controversée du bombardier Northrop B-2 Spirit, procéder à de nombreuses coupes dans le programme de l’Initiative de défense stratégique (IDS), réduire la force navale des États-Unis à dix porte-avions au lieu de douze, restreindre la présence militaire américaine en Europe à moins de 150 000 hommes (nombre suggéré par George Bush) et diminuer le nombre des engagés. Dans ce même secteur, l’ancien gouverneur de l’Arkansas suggère également de recycler le personnel militaire et les fonctionnaires de la Défense qui perdront de ce fait leur emploi. Il veut notamment mettre sur pied un centre de recherche économique qui emploierait les scientifiques et les ingénieurs de l’industrie de la défense. La kyrielle de propositions touche aussi les sujets les plus divers : institution d’un « Democracy corps » qui enverrait des milliers de spécialistes volontaires américains dans les pays désirant bénéficier d’expertises juridiques, financières et politiques (à l’image du « Peace corps » créé par Kennedy il y a trente ans), création d’une « radio libre Asie » pour propager l’information et l’espoir en Chine (à l’image de la « voix de l’Amérique » dans les ex-pays de l’Est), etc.
On le voit, l’actuel Président a beaucoup d’idées audacieuses. La plupart des observateurs les assimileront à des promesses électorales qui ne pourront être appliquées que partiellement, mais quelle que soit la part de rêve, il faut bien admettre que l’Amérique est entrée dans une ère de mutations importantes. ♦