De la stratégie militaire à la stratégie d’entreprise
Au cours d’une carrière militaire partagée entre le commandement opérationnel et territorial, l’état-major et l’enseignement supérieur, le général Fiévet s’est fait remarquer par sa capacité de réflexion, la clarté de son expression et son sens pédagogique. Il met ensuite les mêmes qualités au service de grandes entreprises, aux cadres desquelles il expose les fondements de la stratégie. Il professe actuellement un cours trimestriel à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), sur le même thème. Ce livre, qui a obtenu en 1992 le prix des Affaires, nous restitue son enseignement.
Les trois parties du livre traitent successivement de la stratégie militaire, des exemples historiques et de leur application à l’entreprise. La même démarche logique est adoptée dans chacune d’elles : la théorie, sa mise en œuvre, la personnalité des stratèges. Les exemples militaires sont ceux des batailles d’Austerlitz et de Midway, et de la guerre du Golfe ; parmi les stratèges, Sun Tsu, Clausewitz, Napoléon et Foch sont particulièrement mis en valeur. Quant aux stratégies d’entreprises, sont présentées entre autres l’offre publique d’achat (OPA) de Schneider sur Square D, la guerre de Pepsi contre Coca-Cola, la stratégie du Japon face à l’Occident.
Ouvrage de réflexion, qui témoigne de la vaste culture militaire, historique et philosophique de l’auteur, c’est aussi un livre de travail pour les étudiants commerciaux, les cadres et les officiers préparant une seconde carrière. Le texte est ainsi agrémenté de graphiques, de plans de bataille et d’exergues de citations, qui synthétisent un concept ou schématisent un mode d’action, et qui révèlent un remarquable talent didactique.
L’idée directrice de Gil Fiévet est que « la stratégie militaire est la matrice de la stratégie générale ». Retrouver ses fondements, c’est définir une base de réflexion qui peut être utile aux entreprises engagées dans la « guerre économique ». Une stratégie créative et cohérente est en effet indispensable pour analyser un futur incertain, face à des adversaires dynamiques, dans un environnement complexe, et atteindre les objectifs fixés avec des moyens limités. Il y a donc une certaine similitude entre les deux démarches intellectuelles, même si les « principes de la guerre » ne sont pas directement applicables au monde de l’économie.
La troisième partie du livre est donc celle qui intéressera plus particulièrement les chefs d’entreprise. Elle met en lumière les trois piliers sur lesquels repose toute stratégie, la logistique, le moral, et d’abord le renseignement : « Le vainqueur est celui qui maîtrise l’information ». La conclusion insiste sur la stratégie des personnels, qui est « le cœur de la stratégie d’ensemble » ; obtenir l’adhésion des cadres, limiter les niveaux de décision, développer les échanges interniveaux, telles sont quelques-unes des leçons de cette confrontation entre l’économie et la guerre. ♦