Military Balance 1992-1993
Comme chaque année, l’Institut international d’études stratégiques de Londres (IISS) publie son analyse des forces militaires dans le monde, dans une situation arrêtée le 1er juin 1992. Cet ouvrage revêt un intérêt particulier pour faire le point d’un monde actuellement en pleine confusion politiquement comme militairement. Le plan général de cet ouvrage a dû être assez profondément modifié par rapport aux années précédentes pour tenir compte de la disparition de l’Union soviétique. Les anciennes républiques de l’URSS ont été rattachées soit à l’Europe non Otan, y compris les républiques sub-caucasiennes qui ont signé le traité FCE (Forces armées conventionnelles en Europe), soit à une nouvelle section : Asie centrale et Asie méridionale. La Chine se retrouve dans une section Asie orientale et Australasie.
La situation des armements nucléaires est traitée en plusieurs endroits. Le commentaire précédant l’analyse des forces des États-Unis donne les mesures récentes prises en fonction du traité START et des déclarations unilatérales du président Bush. Le commentaire pour la Russie évoque très brièvement le sujet qui est exposé dans une annexe de quatre pages avec les résultats du dialogue Bush-Gorbatchev, les conséquences de la création de la Communauté des États indépendants (CEI), de la déclaration conjointe Bush-Eltsine du 16 juin 1992. Un tableau donne ensuite l’état des forces nucléaires des deux pays au 1er septembre 1990 (exécution du traité START), au 1er juin 1992 et en 2003. Un autre présente la situation des véhicules susceptibles de porter des armes nucléaires pour l’Otan, la Russie, la CEI et la Chine. La France est signalée comme ayant 18 missiles SSBS (Sol-sol balistique stratégique) S3D, 120 Pluton, aucun Hadès, 64 missiles M.4, des Mirage IV, Mirage 2000 et Super-Étendard porteurs de missiles ASMP (Air-sol moyenne portée), des Jaguar portant la bombe AN52.
La situation des armements conventionnels en Europe est traitée de façon analogue. Le commentaire général sur les pays de l’Otan fait état de la réorganisation de l’Alliance, du pilier européen (Union de l’Europe occidentale [UEO], Corps franco-allemand), des réductions en cours dans un certain nombre de pays. Une annexe in fine reprend l’ensemble du problème européen pour étudier succinctement l’application du traité FCE du 19 novembre 1990 et l’acte d’Helsinski du 10 juillet 1992 dans la zone dite Attu (Atlantic to Urals) qui s’étend en fait jusqu’au Kazakhstan. Cette annexe donne la répartition des moyens militaires soumis au traité FCE (Treaty Limited Equipments ou TLE) dans les républiques de l’ancienne URSS. On constate que l’Ukraine voit ses deux districts militaires appartenir à deux zones différentes du traité FCE. On trouve également les limites imposées aux effectifs et le traité « Ciel ouvert ». Un tableau récapitule les moyens, et un autre donne la liste des accords passés entre les pays de la CEI à Alma-Alta (Kazakhstan), à Minsk (Biélorussie), à Kiev (Ukraine) et à Tachkent (Ouzbékistan) entre décembre 1991 et mai 1992, avec l’énoncé des principaux points traités dans ces accords.
Ce document très riche permet de relever bien d’autres renseignements. Signalons qu’il donne également la liste des « opérations de la paix » : il y en a treize sous l’égide de l’ONU, qui vont du groupe de 35 observateurs en Inde et au Pakistan aux 15 000 hommes au Cambodge, cela avant l’affaire de Somalie. ♦