Migrants et réfugiés
Le flot des réfugiés n’a fait que croître : 12,2 millions à la fin de 1986, ils sont 14,7 M au début de 1990, auxquels il faut ajouter les Palestiniens, ce qui fait au total 17 M, soit à peu près 0,3 % de la population mondiale. Où sont-ils : en Asie 6,7 M ; en Afrique 4,6 M ; au Proche-Orient 2,4 M ; en Amérique du Nord 1,45 M ; en Amérique latine 1,2 M. L’Europe, cette « terre d’asile », n’en accueille que 700 000, soit 5 % de l’ensemble. À ces réfugiés, il convient d’ajouter les personnes déplacées, le plus souvent dans leur propre pays, soit 20 M.
Le mot « réfugié » a été forgé pour désigner les protestants chassés de France au XVIIe siècle, mais jusqu’à la fin du XIXe, les mots « émigré » ou « exilé » ont été plus volontiers utilisés. Jean-Luc Mathieu brosse une petite histoire des réfugiés, illustrée après la Première Guerre mondiale par l’œuvre de Fridtjof Nansen qui a donné son nom à des passeports et à un office, ancêtre de l’actuel Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), créé en 1951. Il dresse un tableau des réfugiés en cette fin de siècle, ce qui le conduit à décrire brièvement la plupart des conflits qui ont causé des exodes (drames indochinois ; exodes afghans, ce qui fait que le Pakistan avec 3,2 M, et l’Iran avec 2,85 M, hébergent les populations réfugiées les plus importantes du monde ; Proche-Orient, corne de l’Afrique et Afrique australe, Amérique centrale et Caraïbes). Dans l’Europe des « Douze », au début de 1990, sur les 12,8 M d’étrangers, il y avait 700 000 réfugiés à statut.
Une deuxième partie de l’ouvrage traite du droit des réfugiés, codifié par la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi que d’autres textes ultérieurs (Convention de 1951, modifiée par le protocole de 1967). Un chapitre est consacré au droit des réfugiés en France ; en 1990, sur 90 000 cas traités, l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) a accordé le statut de réfugié à 13 000 personnes. On le sait, la communauté internationale a bien du mal à appliquer l’article 14 de la Déclaration universelle de 1948 : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays ». Aussi, conclut l’auteur, « la cohorte grandit des fugitifs, réfugiés, personnes déplacées, migrants économiques et demandeurs d’asile, toujours plus difficiles à distinguer les uns des autres, tant les causes économiques, sociales, militaires, religieuses, politiques, écologiques, s’entremêlent de façon de plus en plus inextricable pour jeter sur les grands chemins les victimes d’un monde en déstructuration ». ♦