La cathédrale de la rizière
Ce livre est le récit de 450 ans d’histoire de l’Église catholique au Cambodge. L’auteur est un missionnaire des Missions étrangères de Paris ; il est un de nos meilleurs spécialistes de ce malheureux pays, qu’il nous a fait connaître par un autre ouvrage : Cambodge, année zéro, publié en 1977.
Le père Ponchaud nous fait d’abord l’histoire du Cambodge et des différentes influences qui se sont exercées sur lui et qui ont créé l’identité khmère : bouddhisme et brahmanisme, avec le dangereux voisinage du Siam et du Vietnam. Les pionniers de l’évangélisation sont portugais, mais le Cambodge est aussi terre d’asile pour des chrétiens japonais, des Portugais chassés des Célèbes par les Hollandais, des Vietnamiens, ces derniers surtout après la violente persécution de 1750. Les chrétiens de Battambang font figure de précurseurs, mais de 1841 à 1846, le Cambodge n’existe plus, l’Église paraît réduite à néant. En 1863, est signé le protectorat français. Il faut attendre 1903 pour que cette Église n’ait pas le visage de l’étranger. Elle se développe à l’ombre de la domination française jusqu’en 1939, puis elle est prise dans la tourmente des guerres d’Indochine où elle se trouve être la cible des mouvements nationalistes. La paix qui dure jusqu’en 1970 voit l’émergence d’un clergé khmer et la recherche d’une « khméritude ». Ensuite, le pays est mis à feu et à sang. En 1975, c’est la « déchirure », avec l’entrée des Khmers rouges à Phnom Penh, une période que le père Ponchaud décrit comme étant « la nuit de la croix ».
À Noël 1978, les Vietnamiens entrent en force au Cambodge. Ce nouvel occupant est communiste et de nouvelles vagues de réfugiés déferlent sur la Thaïlande.
Le dernier chapitre du père Ponchaud s’intitule : « Veilleur, où en est la nuit », et le veilleur répond : « L’aurore est bientôt là, mais c’est encore la nuit » (Isaïe, 21, 12). Autrement dit, il y a eu, depuis 1979, un grand retour, mais les choses sont loin d’être satisfaisantes. On a pu célébrer la fête de Pâques en 1990, mais après tant d’années de souffrances où ont disparu le premier évêque khmer et ses prêtres, cette nouvelle liberté reste fragile et limitée. Elle ouvre cependant sur l’espérance. ♦