Les régimes politiques arabes
Le monde arabe représente un ensemble de plus de 180 millions d’habitants en augmentation démographique rapide, dans une zone géographique de communication située à la jonction de trois continents, bordée par deux océans et la mer Méditerranée. Malgré la très forte aspiration à l’unité reposant sur la commune référence à l’islam et sur la tradition califale, le monde arabe, morcelé par la colonisation, est partagé entre États souverains et indépendants. Le temps d’une umma unitaire et homogène est révolu. C’est donc à l’étude des régimes politiques des vingt et un pays membres de la Ligue arabe que s’attache ce riche ouvrage collectif. Il le fait selon un plan géographique régional qui distingue quatre zones : la vallée du Nil, le croissant fertile, le Maghreb, la péninsule Arabique.
Avant d’aborder cette étude concrète, les auteurs passent en revue les principales données qui tendent à forger une identité politique arabo-musulmane : religion et société musulmanes, évolution historique. Partout l’explosion du nationalisme a conduit l’opinion publique à mener un combat largement culturel, cherchant dans un riche patrimoine les recettes du pouvoir. Mais au-delà de cette pétition de principes, il reste bien difficile de définir les traits d’une véritable identité politique arabo-musulmane, tant ont été divers les courants qui ont traversé le monde musulman. Ces données générales sont certes intéressantes, mais apportent-elles des éléments d’interprétation nouveaux dans l’investigation des régimes politiques arabes ? Pour ma part, je ne le pense pas. Tout régime politique est lié à son environnement, géographique et historique. La quasi-totalité des pays du Tiers-Monde a subi le choc de la décolonisation. Aussi, dire que l’héritage sociopolitique arabo-musulman a façonné ces pays n’apporte nulle définition originale permettant de mieux comprendre la raison politique de ces États. De même, s’interroger sur l’éventualité du dépérissement de l’État territorial (dawla qutriyyah) au bénéfice de l’État arabe unitaire relève essentiellement de la spéculation intellectuelle.
Demeure l’interrogation fondamentale : ces pays pourront-ils échapper encore longtemps à ce qui semble être une marche inéluctable vers l’avènement des droits de l’homme et de l’État de droit ? Partout les amorces de démocratisation demeurent fragiles et grands sont les risques d’aggravation des tensions sociales. ♦