Quand l’Allemagne pensait le monde – Grandeur et décadence d’une géopolitique
Tous ceux qui s’intéressent à la place que la géographie doit tenir dans l’étude des problèmes politiques et militaires apprécieront ce livre. Certes, il a le défaut de tous les travaux un peu trop universitaires : il est plein de références et de citations qui coupent un peu trop souvent le récit, mais elles permettent de travailler à partir d’une très solide base de documentation.
Cet ouvrage dresse ainsi le tableau de la géographie allemande depuis Ratzel et sa Politische Geographie publiée en 1897, jusqu’à la fin lamentable de la famille Haushofer en 1946. On peut suivre dans le détail la manière dont des idées raisonnables et formées en grande partie scientifiquement peuvent devenir folles sous l’emprise du dogmatisme, du besoin de justifier les actions militaires ou politiques de son pays pendant une guerre, du totalitarisme national-socialiste qui a voulu mettre la main sur toutes les formes de pensée au détriment de toute valeur scientifique.
Le débat se porte d’abord sur l’Europe d’avant 1914 et de l’entre-deux-guerres, mais aussi sur les problèmes coloniaux et l’opposition entre « maritimistes » et continentaux. Tout au long du livre, on se demande quelle est la limite entre la géographie politique et la géopolitique, et l’auteur pose lui-même la question, mais une réponse est-elle possible ? ♦