Ce livre porte sur sa couverture le titre Géostratégie et océans, mais, à l’intérieur, il s’intitule « Économie maritime et géostratégie des océans », ce qui correspond mieux à son contenu. Il s’inscrit dans les perspectives d’un groupe de recherche de la commission de géographie de la mer de l’Union géographique internationale, groupe dont l’auteur est responsable.

André Vigarié est depuis très longtemps un spécialiste des problèmes maritimes. Il a été professeur à l’université de Nantes et à l’École navale. Nous avons eu de lui un très intéressant ouvrage sur Les ports de commerce et la vie littorale (Hachette), où il faisait état de la révolution qui s’était produite dans les transports océaniques depuis 1945. Pour lui, le phénomène majeur de notre époque est ce qu’il appelle la « maritimisation » de l’économie mondiale. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci dépend en effet des transports maritimes qui se sont organisés en grands « flux océaniques ». Les intérêts des différentes nations s’entrecroisent de plus en plus, dans une complexité croissante qui n’est pas désordre.

Aussi les superpuissances ont-elles des intérêts majeurs dans l’espace maritime, ce qui nécessite de leur part d’avoir une stratégie dans cet espace, mais il en est de même pour l’Europe, l’Islam, le Tiers-Monde, le Japon. L’auteur pense que les nations n’ont pas une liberté totale de choix. Il lui semble que seuls les États-Unis ont les moyens d’une stratégie complète, multiforme et couvrant tout le globe. Nous passons ainsi de la « géo-économie » à la géostratégie. C’est une forme trop rare de raisonnement pour ne pas être signalée. Elle s’appuie en outre sur un grand nombre de renseignements qui sont trop souvent ignorés. ♦