Les armées dans les conflits de faible intensité : une analyse comparative [Armies in low intensity conflicts: a comparative analysis]
Les Américains ont adopté une typologie du phénomène guerre qui repose sur le degré de violence dans les conflits. Ils se sont particulièrement intéressés à ce qu’ils appellent les conflits de faible intensité. C’est ce domaine qu’explore ce livre écrit par cinq auteurs. Il rassemble les études sur les expériences américaines, israéliennes, françaises, canadiennes, britanniques. L’introduction a été rédigée par Maurice Tugwell, directeur de l’Institut Mackenzie pour l’étude du terrorisme, de la révolution et de la propagande, à Toronto (Canada), sous le titre significatif : « S’adapter ou périr : les formes de l’évolution dans la conduite de la guerre ».
Ce terme de conflit de faible intensité couvre en fait un éventail très large d’actions, allant de la simple subversion à la guerre révolutionnaire. Aussi les expériences mises en évidence sont-elles très diverses. Ce qui concerne la France a été écrit par Michel Martin, professeur de droit et de science politique à l’Institut de sciences politiques de Toulouse, auteur de plusieurs ouvrages ou d’articles en anglais et en français dans la lignée des travaux de Morris Janowitz. Son étude, intitulée « D’Alger à N’Djamena », paraît beaucoup plus pertinente que son livre Warriors to managers qui se ressentait par trop des théories alors en vogue aux États-Unis. Pour lui, les Français ont connu d’abord ce qu’il appelle « La guerre algérienne ». C’est la méthode préconisée par Bugeaud, revue par Gallieni, Lyautey et autres, avec une très forte dimension psychologique et politique qui devait aboutir au drame du putsch de 1961. Il y a maintenant « Les guerres africaines », interventions limitées dans le temps et les moyens, avec des armements qui peuvent être très modernes, pour remplir les obligations découlant d’accords de défense et protéger nos intérêts en Afrique ou ailleurs.
La position française apparaît ainsi comme très originale. On peut simplement regretter qu’aucun des auteurs n’ait perçu la dimension maritime du problème, la liberté de circulation des navires et des aéronefs dans l’espace marin permettant d’intervenir sans restriction d’ordre politique, partout où ce genre d’action est matériellement possible. ♦