Editorial
Éditorial
L’engagement sans précédent des armées françaises sur le territoire national aux lendemains des attentats de janvier et le maintien dans la durée de cet effort militaire ainsi consenti, ont montré, outre le professionnalisme et la disponibilité des hommes et des femmes de la Défense, l’ubiquité de la menace.
Nos forces sont déployées simultanément dans plusieurs théâtres extérieurs difficiles mais aussi dans nos lieux publics, devant des sites sensibles ou emblématiques, face à des adversaires anonymes mais résolus.
Les récentes décisions de révision de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, avec une inflexion réelle dans la réduction des effectifs, et donc du format, marquent une rupture stratégique.
La déstabilisation du Moyen-Orient cristallisé autour de Daech, avec ses conséquences en Afrique subsaharienne et au Maghreb, la crise ukrainienne – même si le cessez-le-feu de février semble être respecté –, les rivalités en mer de Chine et d’autres fronts accroissent directement les risques de dérapage et en conséquence de crises ouvertes, nous affectant directement. Mais, à ces conflits d’ordre militaire se rajoute un accroissement des criminalités de toute forme, proliférant sur ce terreau hélas favorable : misère sociale, despotisme, trafics en tout genre, immigration clandestine, corruption…
Nos armées s’y trouvent de facto confrontées et doivent contribuer à la lutte contre ces formes d’agression dont les modes d’action ne cessent de se développer à l’image des récents vols de micro-drones au-dessus de Paris ou des go-fast transportant des kilos de cocaïne dans les Antilles. Le dossier que la RDN consacre ce mois-ci à cette question propose un certain nombre de réflexions qui devraient étayer les travaux à venir pour contrer ces nouvelles menaces. D’emblée, il apparaît clairement que les réponses à apporter ne seront pas simples, exigeront des efforts d’adaptation et auront un coût humain, technique et financier, n’en déplaise à certains budgétaires.
La RDN a également poursuivi ses analyses du paysage stratégique actuel, notamment sur les suites des printemps arabes dont on perçoit bien que l’Histoire – dramatique – n’en finit pas d’être écrite. Par la diversité des thèmes abordés ici, la revue reste fidèle à ses principes en proposant des études rigoureuses donnant des repères, mais aussi en apportant des opinions parfois iconoclastes avec certaines positions, y compris officielles. C’est l’exigence du débat stratégique, c’est l’exigence due à notre défense pour que tous ses acteurs – institutionnels ou non – soient en mesure d’agir et non de subir face à l’adversité. ♦