La criminalité organisée constitue une menace majeure pour notre société. Lutter contre ce nouvel ordre impose une capacité d’acquisition et d’analyse du renseignement en adaptation permanente pour mieux anticiper les actions de groupes criminels.
Le renseignement criminel : de nouvelles perspectives contre la criminalité organisée
Criminal Intelligence: New Perspectives Against Organized Crime
Organized crime constitutes a major menace for our society. Fighting against this new order demands the abilities of acquisition and intelligence analysis in permanent adaptation to better anticipate action of criminal groups.
La criminalité organisée est particulièrement difficile à qualifier par la multiplicité des groupes, des secteurs d’activité et des objectifs poursuivis. C’est en mai 1988, à l’occasion d’un colloque international sur le crime organisé que, pour la première fois, le secrétariat international d’INTERPOL a proposé la définition suivante : « Toute association ou groupe d’individus engagé dans une activité illégale continue dont l’objectif est le profit, indépendamment des frontières » (1). Les Nations unies ont, quant à elles, défini la criminalité organisée comme « un groupe structuré de deux à trois individus, agissant ensemble sur une période limitée avec l’objectif de commission d’une ou plusieurs infractions de haut niveau en vue d’obtenir directement ou non un bénéfice financier ou matériel » (2).
La pluralité de ces définitions, auxquelles s’ajoute celle du conseil de l’Europe, témoigne de la difficulté à caractériser un concept mouvant et polymorphe. La stratégie de lutte doit dès lors en envisager des modes d’analyse adaptatif et proactif. Les secteurs d’activité criminelle sont très diversifiés et englobent le trafic d’êtres humains, le racket, mais aussi les trafics d’armes, de véhicules, de biens culturels, les cambriolages, les atteintes à l’environnement (cf. J. Gosling), les infractions liées aux stupéfiants, les fraudes bancaires et autres escroqueries en tout genre (cf. INTERPOL).
Lutter contre une criminalité organisée en perpétuelle mouvance nécessite d’adopter une position offensive fondée sur une analyse spatiale, temporelle et structurelle. Alors que les groupes criminels organisés étaient, il y a encore une décennie, très hiérarchisés, ils répondent aujourd’hui, pour une partie d’entre eux, à des règles plus proches du chaos, engendrant par là même une nécessaire adaptation des forces de sécurité. Ce chaos, illustré par une forme d’aplatissement de la hiérarchisation, génère une criminalité polysémique reposant à la fois sur une délinquance locale et une criminalité spécialisée, sur des méthodes traditionnelles et l’emploi des nouveaux moyens de communication. L’objectif n’est plus de réaliser « le coup », mais bien de commettre des attaques de masse à moindre profit individuel, mais aussi à moindre risque. Le profit est alors obtenu par la multiplication des faits. L’aplatissement hiérarchique ouvre le champ à des formes criminelles beaucoup plus créatives, isolées, parfois violentes et plus difficiles à contrôler. Alors que la police judiciaire s’est particulièrement développée sur les techniques d’investigation a posteriori, notamment par le développement de la police technique et scientifique, l’heure est aux développements des méthodes a priori, par la mise en œuvre d’un renseignement criminel orienté vers la proaction. nFondé sur un socle scientifique, le renseignement criminel intègre également une composante criminologique et une dimension judiciaire.
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