La question des frontières reste posée, y compris en Europe, avec de probables remises en cause des États en fonction de revendications nationalistes alimentées par des ressentiments et des frustrations. L’Union européenne pourrait connaître ainsi de nouvelles évolutions difficiles à imaginer aujourd’hui.
Extensions et séparations : les frontières d’aujourd’hui et de demain de la Vieille Europe
Expansions and Separations: The Borders of Today and Tomorrow in Old Europe
The issue of borders remains unresolved, in Europe as well, with probable recommencement of discussion involving states concerning nationalist demands fed by resentment and frustration. The European Union may be capable, in this way, of recognizing new evolutions difficult to imagine today.
Les cartes des frontières que la Vieille Europe se plaisait à penser immuables sont depuis quelques années prises d’une frénésie de modifications. Avec la création de l’Union européenne, les six membres fondateurs ont voulu vivre le rêve éveillé d’effacer leurs frontières avec d’abord le Traité de Rome en 1957, pour arriver à la libre circulation des hommes et des marchandises avec le Traité de Maastricht en février 1992.
En parallèle à ce grand rêve, la Yougoslavie éclatait avec les guerres balkaniques de 1992 qui débouchaient sur la création de sept États indépendants, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Croatie, Kosovo, Monténégro, Ancienne République yougoslave de Macédoine et Slovénie, dont un, le Kosovo, n’est toujours pas reconnu par les Nations unies même si, à ce jour, plus de cent pays le reconnaissent au nombre desquels la Bosnie-Herzégovine, tiraillée entre trois entités bien distinctes, à savoir Bosniaque, Serbe et Croate, ont encore aujourd’hui de grandes difficultés à développer une économie et une administration viable. Plus à l’est, le « bloc » s’effondrait à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989, puis avec l’éclatement de l’URSS en 1991. Cette explosion, tel son homonyme nucléaire, rendait leur liberté à nombre de « républiques électrons », jusqu’alors dans l’orbite de Moscou, qui se trouvaient devoir reconstruire un État et une administration autonome. Pour ce faire, il fallait pratiquer des réformes de fond et faire des choix économiques tranchés.
De son côté, l’Union européenne avait déjà élargi ses frontières à quatorze pays et s’apprêtait à vivre une grande phase d’élargissement en rattachant à elle certains de ces fameux pays-électrons, ce qui l’amènera à être composée de vingt-huit États-membres, en 2014. À cette liste il faut rajouter les États qui ont le statut officiel de candidats à l’Union européenne, à savoir, la Serbie, la Turquie, l’Albanie, le Monténégro, l’Islande et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine. D’autres pays ont, quant à eux, signé des accords d’association avec l’UE, qui sont les premiers pas vers une entrée dans cette structure supra-étatique. Parmi ceux-ci, on notera la Moldavie, qui vient tout juste de signer l’accord avec l’Union (qui, par mesure de rétorsion, subit une forme d’embargo par la Russie sur ses produits d’exportation, comme cela avait été le cas dans les années 2006 quand l’UE et la Russie s’opposaient à propos de la Transnistrie). Nous reviendrons sur l’Ukraine qui vit une période pour le moins troublée, nous y reviendrons. Pour rester dans le cadre des frontières des États bordant le « turbulent voisin » russe, on notera que le 7 février 2014, les Gagaouzes de Moldavie se prononçaient via un référendum pour le rattachement de leur territoire à la Russie. De son côté la Géorgie, suite au conflit qui l’opposa à la Russie, a subi une modification de ses frontières concernant l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud à ce jour autonomes. Au sein même de la Fédération de Russie, le Caucase Nord reste une région troublée : du côté des séparatistes tchétchènes, la guerre n’avait d’autre but que de se séparer de la Russie et ainsi de tirer profit des revenus potentiels des futurs corridors énergétiques supposés passer sur leur territoire. L’actualité récente a vu les frontières de l’Ukraine être modifiées avec le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, même si le gouvernement ukrainien ne reconnaît pas ce rattachement. Les troubles qui se déroulent à l’heure actuelle dans l’est du pays ont également une origine dans l’aspiration ou le refus selon le côté où l’on se trouve de modifier les frontières ou la forme de l’État afin de donner plus d’indépendance à une partie de territoire.
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