Partir se battre pour le djihad s’inscrit dans une tradition ancienne d’aller faire la guerre au nom d’une cause supérieure qui dépasse le cadre normal de la citoyenneté. À l’heure des réseaux sociaux, cette volonté d’agir s’appuie sur une vision rétrograde mais dangereuse du monde.
Les combattants étrangers jihadistes, entre modernisme et mutation
Foreign Jihadist Fighters: Between Modernism and Change
Leaving to fight for jihad involves an ancient tradition of going to make war in the name of a superior cause that exceeds the normal framework of citizenship. In times of social networks, this will to act depends on a retrograde yet dangerous vision of the world.
La notion de combattants étrangers a suscité un grand intérêt public en Europe depuis l’été 2014 : l’apparition brutale de l’État Islamique en Irak et au Levant (EI) et la prise de conscience de flux croissants d’étrangers du monde arabo-musulman comme d’Occident expliquent ces débats *. Toutefois, la plupart des discussions étaient focalisées sur la question des « retournants », ces combattants qui reviendraient d’Irak et de Syrie pour perpétrer des attaques sur les territoires d’origine, notamment européens.
Le sujet paraît toutefois plus complexe que cette simple possibilité d’attentats. Il y a des liens évidents entre le phénomène et une certaine modernité qui dépasse le seul usage des réseaux sociaux (cf. O. Kempf). Pour en prendre la mesure, il convient donc de revenir brièvement sur la notion de combattants étrangers et le cas particulier des jihadistes de l’EI, puis de s’interroger sur les raisons qui les poussent à aller combattre au loin, selon un mouvement qui dépasse en ampleur ce qu’on avait connu au moment de l’Afghanistan, enfin d’étudier la question de leur destin qui n’est pas simplement de « revenir », ce qui pose des problèmes multiples.
Qui sont les combattants étrangers ?
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