Editorial
Éditorial
L’accélération du temps stratégique avec la multiplication des crises, tant à l’Est de l’Europe qu’au Sud, oblige la France à revoir ses choix en matière de défense. La Loi de programmation militaire 2014-2019 est en cours d’actualisation avec la prise en
compte notamment des leçons des attentats terroristes de janvier, ayant emmené les armées et principalement l’Armée de terre, à projeter jusqu’à 10 000 soldats dans des délais très courts sur le territoire national. L’opération Sentinelle – prolongeant Vigipirate – s’inscrit désormais dans la durée et impose de nouvelles contraintes aux forces en exigeant beaucoup de disponibilité et d’abnégation pour les troupes ainsi déployées.
L’Armée de terre s’est engagée dans une nouvelle étape de sa transformation pour répondre à ces défis, en renforçant ses capacités d’action et en adaptant sa chaîne de commandement pour être plus efficace, plus lisible et en s’appuyant sur une maturité opérationnelle reconnue et démontrée au quotidien dans les théâtres d’opération. Après des mois d’études et de travaux préparatoires, le temps de la présentation du projet est enfin arrivé, engageant toute l’Armée de terre pour les années à venir et en s’inscrivant dans une démarche résolument interarmées.
Après le numéro de mars consacré à la transformation du ministère de la Défense, la RDN a le privilège de proposer un dossier majeur sur ce projet Armée de terre, ouvert par le général d’armée, Jean-Pierre Bosser, son chef d’état-major. « Au contact » va ainsi orienter les efforts de tous pour permettre à nos forces terrestres et à leur environnement de répondre aux multiples défis posés par un monde en pleine mutation, où la violence est redevenue un mode de relation entre États, sociétés, religions et entités en proie au chaos géopolitique.
Les récents succès du Rafale en Égypte et en Inde, la vente d’une Fremm ou le choix par la Pologne de l’hélicoptère de transport Caracal illustrent combien les industries de défense sont stratégiques et vitales pour l’économie de notre pays. Le choix d’armements français ou européens est la résultante – malgré quelques échecs spectaculaires – de décennies d’efforts, de restructurations, de modernisation, sous la conduite de la DGA, alors que la concurrence, en particulier américaine, ne cesse de s’accroître. Sans une économie de défense forte, l’autonomie stratégique française serait un leurre.
Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la barbarie – qui n’a jamais cessé – accentue les clivages, quitte à instrumentaliser des fondements des civilisations, comme les religions. S’agit-il alors d’un retour aux guerres de religion ? Ou d’une incapacité des peuples à comprendre le religieux comme facteur d’unité et non de division ? À l’heure où nos forces sont engagées contre Daech et ses affidés, il est essentiel de poursuivre l’analyse de cette conflictualité pour pouvoir mieux y faire face et éviter de tomber dans le piège d’un choc des civilisations.