L’Égypte vit depuis 2011 un processus de transformation politique marqué par une aspiration démocratique. Cela a permis aux chrétiens – moins de 10 % de la population – pâtissant depuis trente ans de la montée de l’islam politique, d’être des citoyens à part entière, ce que semble soutenir le président Abdel Fattah al-Sissi.
Les Coptes d’Égypte au défi de la citoyenneté
The Coptes in Egypt facing the challenge of citizenship
Egypt is going through a process of political transformation marked by a pursuit for democracy since 2011. This has allowed the Christians—less than 10% of the population—that have been planning thirty years ago since the rise of Islamic politics, to be citizens completely, which seems to support president Abdel Fattah al-Sissi.
Le 16 février 2015, l’Égypte apprend l’horrible décapitation de 21 travailleurs coptes en Libye, par des hommes se réclamant de Daech (acronyme de l’État islamique en Irak et en Syrie). Près d’un demi-million d’Égyptiens travaillent dans ce pays, venant souvent de Haute-Égypte, une région marquée par le chômage et la pauvreté. L’horreur fait vite place à une grande solidarité nationale : c’est le pays tout entier qui est touché, comme le dit avec force le président Abdel Fattah al-Sissi venu immédiatement présenter ses condoléances au pape Tawadros II, patriarche de l’Église copte-orthodoxe d’Égypte. C’est sa deuxième visite de l’année 2015 au patriarcat d’Amba Rweis à Abbassiah : à la surprise générale, il était déjà venu, sans prévenir, présenter ses vœux lors de la messe de la nuit de Noël (7 janvier, selon le calendrier julien). Son propos avait frappé : « Je suis venu vous présenter mes vœux, car nous sommes tous Égyptiens. Personne ne devrait demander “Quel type d’Égyptien vous êtes ?” (sous-entendu : Égyptien copte ou Égyptien musulman). Nous sommes tous des Égyptiens tout court ». Quelques jours après, le même président Sissi s’adressait de manière ferme aux oulémas d’al-Azhar, la prestigieuse université sunnite du Caire, les invitant à réformer l’idéologie religieuse qui s’est développée au fil des siècles : « Il est inconcevable que la pensée que nous tenons pour la plus sacrée puisse être la raison pour laquelle la communauté islamique entière est source d’anxiété, de danger, de meurtres et de destructions pour le reste du monde. Je dis ces mots ici à al-Azhar, devant cette assemblée d’oulémas… Tout ce que je vous dis, vous ne pouvez le comprendre si vous restez coincés dans votre mentalité. Je dis et je répète que nous sommes dans la nécessité d’une révolution religieuse ».
Divers indices donnent à penser que, depuis la Révolution du 25 janvier 2011 qui a renversé Moubarak, l’idée de citoyenneté fait peu à peu son chemin dans la société égyptienne avec tout ce que cela signifie : sortie progressive du carcan identitaire communautariste, émergence du sujet, affirmation de sa liberté d’opinion et de choix. Le processus est, certes, encore fragile mais, si cela se confirmait, il ne s’agirait de rien de moins qu’un pas décisif vers la modernité.
Rappel sur les Coptes d’Égypte
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