Une réflexion sur la notion de puissance reste indispensable alors que la fragmentation actuelle du monde semble remettre en cause les modèles traditionnels, remettant en premier plan l’affrontement d’intérêts sou- vent opposés et amenant à la violence.
Hobbes n’a pas dit son dernier mot
Hobbes didn’t say his last word
A reflection to the notion of strength rests indispensable, while the current fragmentation in the world seems to first question the confrontation of interests that are often conflicted and brought violence.
Voici près de vingt-cinq ans, la disparition de la rivalité Est-Ouest, laissait présager l’imminence d’un monde fondé sur une idéologie commune s’appuyant sur la démocratie, le libéralisme économique, l’État de droit, les élections libres et le respect des droits de l’Homme. L’occidentalo-centrisme, revigoré par la chute de l’URSS, a entraîné une vision téléologique des relations internationales, dont la résultante a été, à l’inverse de la certitude des dirigeants occidentaux, un conflit entre les rôles perçus par les uns et les rôles nationaux réels des autres et donc une crispation idéologico-culturelle entre les nations.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Si l’essentialisme de Huntington nous a laissé penser pendant un temps que le monde était le théâtre d’un choc de civilisations, l’approche de Hall et Jackson démontre bien le caractère relatif de cette notion de civilisation, dont les dimensions évolutive et relationnelle s’affirment de plus en plus. Tout comme la puissance, la civilisation et au-delà l’identité, sont des concepts reposant en grande partie sur les relations qu’entretiennent les acteurs entre eux, que ce soit au sein d’un même groupe – le groupe référent – ou bien vis-à-vis d’un groupe extérieur. En effet, la civilisation est bien le résultat d’un construit idéologique et social, construit subjectif susceptible d’évoluer. Certes, l’identité demeure indispensable dans les relations internationales, en étant à la fois source de conflits et instrument du politique. Si la mondialisation a fait naître chez certains l’espoir d’une unité et d’un apaisement sur la scène politique mondiale, ses limites ont rapidement surgi. Ainsi, le différentiel de croissance et de développement, la confrontation des identités et la recherche de sécurité ont-ils mené à des crispations socioculturelles fragmentant non seulement les relations entre sociétés, mais également les sociétés en leur sein. La notion de civilisation prend alors une dimension différente et l’approche réifiée de blocs civilisationnels perd de sa pertinence. L’état actuel des conflits dans le monde démontre bien que les identités sont floues, vagues, évolutives, ils se situent à plusieurs niveaux et connaissent une mutation permanente.
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