Military history—The Franco-British Suez Operation: a Planned Failure
Histoire militaire - L’opération franco-britannique de Suez : un échec programmé
Le 26 juillet 1956, à la surprise générale, le colonel Nasser, « raïs » d’Égypte, proclame unilatéralement la nationalisation du canal de Suez (dont le bail d’exploitation expirait d’ailleurs en 1968, soit soixante-huit ans après son inauguration), en prenant prétexte du refus américain de financer le projet du barrage d’Assouan. Anthony Eden, Premier ministre britannique, se montre très ferme dans son refus du contrôle du Canal par une seule puissance.
Rapidement l’imbroglio diplomatique s’étale au grand jour entre les participants aux conférences, car les buts stratégiques des uns et des autres sont radicalement différents. Pour Londres, encore très présent dans le Golfe, si ce n’est plus le cas en Inde, la liberté de circulation du Canal est primordiale et, en conséquence, il ne saurait être question d’en laisser la libre disposition à une seule puissance, fût-elle riveraine, car elle serait en mesure d’y bloquer la navigation, en fonction de ses intérêts. Pour Paris, la liberté de circulation sur le Canal importe peu. Ce qui est en jeu, c’est de gagner rapidement la guerre d’Algérie, le sanctuaire politico-militaire de la rébellion étant clairement identifié en Égypte. Quant à Israël, pièce rapportée ultérieurement dans le dispositif, ces deux objectifs lui sont totalement étrangers, son seul but stratégique consistant, suite à une campagne militaire victorieuse, à établir un glacis dans le Sinaï entre l’Égypte et son territoire national pour ne plus être soumis à un harcèlement continu de ses frontières. Ces divergences inconciliables au niveau de la définition des buts stratégiques de l’opération auguraient mal de la suite.
Sur le plan militaire, une planification des opérations sera conduite, sur la base de l’organisation d’un commandement binational, puis une succession des plans d’opérations verront le jour entre août et novembre 1956, complétés par une planification nationale, française et britannique, pour la conduite des opérations par chacune des nations. Du côté français, le rapport du général Beaufre relatif à l’opération (1), ainsi que les ordres et comptes rendus permettent de baliser les principaux aspects de cette planification.
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