Décrire la nature de la relation complexe entre les États-Unis et la Chine amène à s’interroger sur la définition de puissance, remettant en cause les principes classiques de régulation des relations internationales. De nouvelles logiques se mettent actuellement en place.
Vers une bipolarité fluide États-Unis/Chine ?
Toward a Fluid US-China Bipolarity?
Describing the nature of the complex relationship between the US and Chine engenders reflections on the definition of power, calling into question the classic principles of the management of international relations. New reasoning is currently being established.
Après avoir été bipolaire durant la guerre froide puis relativement unipolaire jusqu’au début des années 2000, avec les États-Unis comme « hyperpuissance », le système international est depuis dans un état transitoire difficile à qualifier. Certains pensent qu’il reste unipolaire (cf. N. Monteiro), mais force est de constater que l’hégémonie américaine s’effrite – Fukuyama dirait même « pourrit ».
La diffusion de puissance à laquelle nous assistons – expliquant partiellement l’état de nature hobbesien dans lequel les relations internationales semblent revenues (cf. J.-B. Jeangène Vilmer) – est liée non seulement à cet effritement, mais aussi au développement spectaculaire d’acteurs non étatiques, parmi lesquels des groupes armés dotés d’ambitions transnationales (Daech, Boko Haram). L’érosion de l’ordre westphalien, c’est-à-dire étatique, se fait soit volontairement par le haut, dans une mise en commun de la souveraineté (Europe), soit involontairement par le bas, lorsque les assauts de groupes armés dissolvent la souveraineté étatique (Irak).
Les États ne sont pas en reste dans cette évolution du système international qui relativise l’unipolarité, avec l’émergence de nouvelles puissances – ou plutôt la réémergence dans le cas de la Chine, puissance résurgente qui « retrouve la diplomatie de sa géographie » (cf. G. Araud) et de son histoire.
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