Military History–The Contribution of Admiral Castex to French Strategic Culture
Histoire militaire - L’apport de l’amiral Castex à la culture stratégique française
C’est dans ses Théories stratégiques, monument dont il a commencé la rédaction au Centre des hautes études navales, qu’il convient de chercher la doctrine de l’amiral Castex. Son œuvre est d’autant plus importante qu’en ce qui concerne la guerre navale, elle est la seule qui s’impose. Et pourtant la guerre maritime n’a cessé d’avoir une importance considérable. Bien avant Actium, la maîtrise de la mer s’était révélée nécessaire à la puissance terrestre qui voulait détenir l’empire. Si Salamine en est le premier exemple universellement connu, c’est seulement depuis Mommsen que l’on connaît l’effort naval que durent réaliser les Romains face aux Carthaginois, et que seules leurs victoires navales plus que Cannes leur permirent le succès final.
Au Moyen-Âge, les drakkars normands, que personne n’est capable d’arrêter, viennent insulter les seigneurs féodaux les plus redoutables. Et dans les temps modernes avec les grandes découvertes, la fondation des grands empires coloniaux, l’extension au monde entier des relations commerciales, la maîtrise des communications maritimes redevient un facteur considérable de puissance. « Quiconque est maître de la mer a par là même un grand pouvoir sur terre », écrira Razilly à Richelieu. Après la défaite de l’Invincible Armada et celle des marchands de Hollande, c’est sur la maîtrise de la mer que l’Angleterre va bâtir une hégémonie qui durera des siècles. Elle lui permettra, quasiment sans armée de terre, d’être l’arbitre souverain de tous les conflits. Grâce à ses navires et à ses amiraux, elle vaincra Louis XIV et Napoléon. Elle restera même tout au long du XIXe siècle la première puissance du monde.
Or, pendant des siècles, cette importance du facteur maritime a été méconnue, masquée par le fait éclatant que c’est sur terre que se remportent les victoires, que les provinces se conquièrent, que se signent les traités. Le premier écrivain qui ait consacré son œuvre à l’étude de l’influence de la maîtrise de la mer sur l’histoire fut l’amiral américain Mahan, qui transposa dans le domaine naval les théories de Clausewitz.
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