Stratégie et diplomatie, 1870-1945
L’auteur de cet ouvrage est professeur d’histoire à l’université de Yale, aux États-Unis, depuis 1983. Auparavant, il enseignait en Grande-Bretagne. La traduction a été faite par Bernadette et Jean Pages. Elle contient huit études parues dans différentes revues et rassemblées sous le titre Strategy and Diplomacy, 1870-1945, dans un livre publié chez George Allen et Unwin (une édition « paperback » a paru chez Fontana en 1984), auxquelles ont été ajoutées deux autres études, publiées en 1979 et 1983 (les chapitres II et VIII).
Ces dix études (ou huit dans l’ouvrage en langue anglaise) sont regroupées en trois grandes rubriques : la politique mondiale de la Grande-Bretagne, la rivalité navale entre le Royaume-Uni et l’Allemagne impériale, la stratégie dans un contexte global. Ces titres sont assez trompeurs. Chaque étude traite d’un sujet particulier. Par exemple, la première rubrique rassemble un exposé sur la tradition de ce qu’on appelle outre-Manche « appeasement », c’est-à-dire l’état d’esprit de Chamberlain à Munich, un autre exposé sur deux interprétations de la notion de puissance maritime, celle de Mahan et celle de Mackinder, un troisième sur l’opposition entre stratégie et finances au XXe siècle en Grande-Bretagne, et dans la traduction en français, un travail sur les réseaux de câbles télégraphiques établis par les Britanniques avant 1914.
En fait, la terminologie utilisée par Paul Kennedy masque l’étendue de sa pensée. Il traite beaucoup plus de relations internationales et de politique étrangère que de diplomatie. Si le terme de stratégie doit être ici entendu au strict sens anglo-saxon de rôle et d’emploi des moyens militaires, celui de finances recouvre les domaines économique et industriel. C’est ce qui fait le très grand intérêt de l’ouvrage tout entier. Ajoutons un grand zest océanique, comme il convient à un Britannique qui se réclame non seulement de Liddell Hart mais aussi de l’historien maritime Arthur Marder (l’ouvrage en anglais leur est dédié). Il est dommage que la traduction en français soit par trop littérale, ce qui en rend la lecture assez pénible. ♦