Léon Pignon (1908-1976) : une vie au service des peuples d’outre-mer
En 1945, Léon Pignon retrouve une Indochine livrée au désordre. Il est nommé conseiller politique du Commissaire de la République au Tonkin.
Il sera successivement Commissaire fédéral aux affaires politiques auprès du Haut-commissaire, puis Commissaire de la République au Cambodge, et enfin Haut-commissaire de France en Indochine jusqu’en octobre 1950.
Cinq années terribles, pour lui, pour les peuples indochinois, pour la France…
Et quand, quarante ans après, une quinzaine de ses anciens collègues ou collaborateurs (devenus entre-temps gouverneurs, ambassadeurs, inspecteurs généraux et – quelques-uns – auditeurs de l’Institut des hautes études de Défense nationale) publient sur Léon Pignon un recueil de souvenirs et de témoignages, on se dit : « Voilà un homme qui sort de l’ordinaire ! »
La lecture de l’ouvrage, remarquablement préfacé par Pierre Messmer, ne déçoit pas : l’homme est exceptionnel, sans attaches politiques, doté de fortes convictions. Son intelligence, son courage, son esprit d’ouverture, son sens du dialogue, impressionnent amis et adversaires et forcent l’admiration de ceux qui travaillent avec lui.
Ce livre a le mérite de faire comprendre l’état d’esprit d’alors. Il contribue aussi à la connaissance de l’histoire de la France d’outre-mer entre 1945 et 1960. Certes, de nombreux ouvrages ont traité des problèmes de l’Indochine : pourtant sur la tentative de Léon Pignon d’aboutir à une solution négociée et sur les difficultés rencontrées, ces douze chapitres, bien structurés, écrits chacun par une personnalité différente, apportent un éclairage nouveau. Mais ils laissent aussi un goût amer. Que d’occasions perdues ! Que de vies auraient pu être épargnées, que de souffrances évitées ! Quelle tristesse devant tant d’échecs !
Pierre Messmer le ressent lorsqu’il écrit : « Le ton général est celui de la mélancolie, inévitable dans le récit d’une décolonisation manquée. C’est un sentiment dans lequel baigne l’histoire d’autres grands coloniaux dont les espoirs ont été brisés, Dupleix et Montcalm, Savorgnan de Brazza et Félix Éboué, et même, d’une certaine façon, Galliéni et Lyautey. Léon Pignon est en bonne compagnie ! »
À lire pour se souvenir, à lire pour apprendre, à lire pour constater que des hommes de cette trempe sont issus de ce terroir de France, mais que hélas ! et souvent, ils ne sont pas entendus…
Ce « Léon Pignon » ? Sous les anecdotes, l’histoire, sous les petites histoires, le drame… ♦