The Cyrano fleet-France and its Navy. 1940-1942 / Royal Republicans. The French naval dynasties between the World Wars
Ces deux ouvrages ont pour but apparent de mieux faire connaître l’histoire récente de la Marine française au public américain qui, souvent, en est resté aux schémas simplistes, sinon malveillants, d’une propagande datant du début de la Seconde Guerre mondiale, et qui ne brillait pas par ses analyses.
Le premier, écrit par un capitaine de vaisseau en retraite de l’US Coast Guard, a pour mérite d’être d’une impartialité exemplaire. L’auteur, grâce à sa connaissance de la langue française, a choisi un titre un peu surprenant car son essai, commencé en 1940, s’arrête au sabordage de la flotte, en novembre 1942, et « Like Cyrano the Navy had served with honor and died with dignity, and deserved better of history » (p. 110). Sa documentation et la bibliographie sont complètes et abondantes. Le chapitre 5, « Darlan, homme du destin manqué » (en français dans le texte), est excellent. Il détaille avec minutie le comportement de l’amiral de la flotte pendant ces deux années avec un jugement précis, honnête et pénétrant, basé à tous les instants sur des faits rigoureusement contrôlés. L’auteur a certainement beaucoup travaillé sur son sujet qu’il domine aisément.
Le second ouvrage, œuvre d’un docteur en histoire française de l’Université du Maryland, n’a pas la même tenue. Son analyse politique et sociologique du haut commandement naval entre les deux guerres, et du corps des officiers de Marine, est inexacte et comporte de nombreuses erreurs factuelles. Les amalgames sont fréquents, et l’auteur a visiblement cherché à démontrer, contre toute vraisemblance, la justesse de son titre qui n’a pour lui que d’être excellent sur le plan journalistique. Pour essayer de soutenir son postulat, il a mélangé allègrement les périodes, et généralisé les déclarations individuelles, prenant alors en compte les règlements personnels par héritiers interposés. Une chose, cependant, peut être intéressante dans ce livre : ce sont les photographies. La référence à Marcel Proust – mort en 1922 – destinée à attirer l’attention des lecteurs américains, n’a qu’une faible valeur historique. ♦