Unbesiegbar? China als Militarmacht [Invincible ? La Chine puissance militaire]
Bien qu’il n’ait pas été édité en français, il faut citer l’ouvrage que vient de publier l’ancien commandant en chef Centre-Europe, assisté d’Oscar Weggel. Ils rentrent d’un séjour en Chine où ils étaient les invités du gouvernement de la RPC, ce qui leur a permis d’avoir des contacts approfondis avec les principaux dirigeants politiques et militaires du pays.
Après un survol de l’évolution de l’Armée populaire de libération chinoise (APL) depuis ses origines, les auteurs étudient sa situation interne et ses capacités opérationnelles. Marquée à la fois par sa rigidité idéologique et par un désir sincère de modernisation – modernisation qui ne vient qu’en troisième priorité pour le gouvernement, après celles de l’infrastructure des transports civils et de l’industrie –-, l’APL ne saurait de sitôt rattraper le niveau technologique de voisins militairement suréquipés (l’URSS, mais aussi Taïwan et le Vietnam). En dépit de ce retard, elle constitue cependant un facteur militaire de première importance ; elle l’a prouvé face au Japon, au Kouo Min Tang, à l’Inde et en Corée. Même sa campagne de 1979 contre le Vietnam ne dément pas cette assertion : « par tradition, la Chine ne mène pas de guerres de conquête ; elle se borne à des expéditions punitives visant à faire perdre la face à l’adversaire sans exiger d’elle-même des efforts excessifs. »
Les auteurs se penchent ensuite sur les structures de la défense chinoise et sur la place de l’APL dans la vie du pays. La distance prise récemment vis-à-vis des tâches politiques et économiques qui lui incombaient au préjudice de son entraînement n’a, en dépit des changements de personnes en cours, nullement aboli l’intime imbrication entre le haut commandement et les organes dirigeants du parti. Même après la réduction d’un million d’hommes qui vient d’être décidée, l’APL conservera un volume imposant lui permettant de mener une guerre populaire prolongée. La répartition des forces terrestres en trois catégories complémentaires – corps de bataille, troupes territoriales, milice – pallie autant que faire se peut l’insuffisance de mobilité et l’immensité des espaces à contrôler. La milice constitue pour les autres composantes un inépuisable réservoir d’hommes tout en assurant à leur profit de nombreuses et importantes fonctions logistiques. À côté des gros bataillons terrestres, l’Armée de l’air et la Marine ne peuvent avoir pour l’instant qu’un rôle auxiliaire ; leur effort porte en priorité sur la défense aérienne et la protection des côtes.
En dépit de tensions politiques et militaires parfois vives, une grande guerre entre l’URSS et la Chine demeure fort improbable, même au-delà de l’an 2000 : elle ne pourrait apporter d’avantage décisif à aucun des belligérants et ses conséquences sur la stabilité des deux régimes sont impossibles à cerner. Une offensive soviétique en Mandchourie, ou depuis la Mongolie en direction des montagnes de la Chine centrale, demeure toutefois militairement parfaitement concevable. La Chine devrait alors tout faire pour éviter de voir tournées par l’ouest les excellentes positions défensives dont elle dispose sur l’arc montagneux qui couvre Pékin face au nord.
On n’attachera qu’une importance marginale à un conflit de la République populaire de Chine (RPC) avec un autre de ses voisins. Les auteurs n’accordent guère d’intérêt aux prétentions, périodiquement réitérées par Taipei, de reconquête continentale ; Ilsemann estime pourtant que, dans un contexte international modifié, elles pourraient revêtir une importance militaire certaine.
Cette appréciation d’ensemble d’une situation stratégique globalement favorable à Pékin demeurera valable tant que les communistes pourront appuyer sur des masses politiquement convaincues leur concept de guerre populaire : actuellement, la phase de libéralisation économique entreprise par Deng Xiao Ping jouit manifestement d’un très large soutien de l’opinion publique. Qu’adviendra-t-il par la suite ?…
Ce livre fournit des données chiffrées très complètes sur le potentiel des grandes unités, sur les divers systèmes d’armes – y compris nucléaires – en service, etc., ainsi qu’une appréciation particulièrement autorisée sur l’état des forces, leur niveau d’entraînement, leurs capacités opérationnelles. Une annexe importante regroupe les déclarations recueillies auprès des responsables tant politiques que militaires sur les divers problèmes auxquels l’APL doit faire face.
Nous avons là, vue à travers des yeux allemands, une étude objective sur une des premières armées du monde.