La France dans tous ses états
Le dernier Daninos est un excellent cru. L’un des meilleurs depuis les inoubliables Carnets du major Thomson. Tous les sujets de prédilection du major sont à nouveau traités, mais, cette fois-ci, avec le recul du temps. La France et les Français sont vus par un historien de l’an 2100. Le XXIe siècle étant devenu plus sage que le 20e finissant (la rotation y est désormais érigée en système de gouvernement), les « mécontemporains » chers à Elgozy paraissent bien étranges et paradoxaux au descendant du major.
La sériosité, la taciturnité sont leur état général. Il en découle des maladies épidémiques comme la siglomanie, la statisticose, lesquelles engendrent des monstres comme les cabots télévicieux ou les enfants globaux. Peut-être ceux-ci pourront-ils être guéris lorsque l’on aura découvert – ce que seul un ministre-énarque pouvait faire – que l’école est là pour apprendre à lire, à écrire et à compter.
À force d’être sérieux, les Français se sont mués en irrésistibles comiques. Ils ont tellement changé qu’il est devenu aussi difficile de remarquer « un homme bien habillé que quelqu’un parlant sans faute de syntaxe ». On s’esclaffe, on éclate (pardon on s’éclate !) à chaque page, presque à chaque ligne. Daninos avec La France dans tous ses états, serait-il maintenant plus « grinçant » ? Il est sûr qu’il ne cache pas ses préférences ni ses dégoûts. Alors ses flèches font plus mal, plus mal aux côtes, à force de rire.