Le royaume de l’insolence
Ce livre commence par un reportage qui confirme, s’il en était besoin, les atrocités soviétiques en Afghanistan. Mais ensuite, il se transforme en enquête historique et ethnologique dans laquelle l’auteur révèle une parfaite connaissance du pays. Jusqu’aux années 1960, l’Afghanistan a été à peu près coupé du monde. Il a dû le maintien de son indépendance au caractère indomptable de ses guerriers, mais aussi à la neutralisation réciproque de la Russie et de l’Angleterre.
Dans les années récentes, la déstabilisation de la société traditionnelle à la suite de l’ouverture sur l’extérieur a entraîné la chute de la monarchie. Les communistes afghans se sont ensuite emparés de la République, mais leurs excès ont précipité le soulèvement de l’intervention soviétique en 1979. Au passage, Michaël Barry critique sévèrement les erreurs grossières de la diplomatie américaine qui ont, de longue date, favorisé cet aboutissement.
Aujourd’hui la résistance afghane perdure, appuyée sur le fanatisme religieux et la structure tribale. C’est une jacquerie paysanne traditionnelle sans commandement unifié. Facteur de durée mais aussi de faiblesse, car la résistance est incapable de s’organiser et en face, les Soviétiques, à peine aidés par le régime fantôme de Babrak Karmal, recourent à la terreur et jouent sur les divisions tribales, toujours aussi vives. Toutes ces idées directrices sont connues, mais le livre de Michaël Barry n’en est pas moins à lire, car il pousse l’analyse plus loin que ses devanciers.