L’équilibre militaire des Superpuissances
Ce livre abondamment illustré n’est pas un traité de stratégie ni de tactique, mais un ouvrage essentiellement didactique, une véritable encyclopédie rassemblant en un seul volume, sous forme d’imagerie commentée, tout ce qu’il faut avoir comme vues d’ensemble, aussi bien que comme données précises et détaillées, sur les divers systèmes de forces armées, en service ou en devenir au début de cette décennie 1980, dans les deux camps de l’Est et de l’Ouest… qui se prêtent réciproquement de « sinistres desseins ».
L’imagerie est bonne. Elle présente non seulement les matériels, la « quincaillerie » de toute nature, mais aussi – sous la forme de tableaux et de schémas – les comparaisons établissant les rapports statiques et dynamiques des « forces mortes ». L’impression est de belle qualité ; et quelques rares « coquilles » seront aisément rectifiées par le lecteur tant soit peu informé.
Les auteurs sont anglo-saxons. Mais leurs commentaires n’en sont pas moins aussi objectifs et pondérés que possible, compte tenu des inévitables imprécisions concernant certaines forces de l’Est. La plupart des systèmes d’armes prévus ou envisagés pour la prochaine décennie, et au-delà, sont annoncés – ou du moins évoqués – comme, par exemple, les nouvelles armes antimissiles et antisatellites, ainsi que les systèmes offensifs et défensifs à « énergie dirigée » qui se profilent à horizon proche ou plus lointain.
Les « forces vives » ne sont pas oubliées : les organisations, les doctrines et les concepts tactiques d’emploi en vigueur, les motivations des hommes comme leur degré d’entraînement, les pesanteurs logistiques…, sont passés en revue et introduits régulièrement dans l’équation globale du rapport des forces.
Mais ce qui est sans doute le plus appréciable, c’est la référence permanente, systématique, à la géographie – au « terrain » au sens large – qui introduit tant de paramètres, tantôt positifs, tantôt défavorables, multipliant les dissymétries des positions, des situations et, par conséquent, des objectifs et de l’emploi éventuel des diverses catégories de force, dissymétries qui font paraître, en partie, oiseuses des comparaisons trop sectorielles, trop purement arithmétiques et assez souvent « besogneuses »… auxquelles se bornent parfois des commentateurs trop pressés.
Et tout compte fait, les conclusions que proposent les auteurs de cet ouvrage ne sont pas alarmistes. Elles suggèrent que les Occidentaux auraient – devraient avoir – la possibilité de sauvegarder à la fois leur sécurité, leur liberté et la paix…, sous réserve qu’ils sachent tirer parti des avances technologiques qu’il leur reste…, sous réserve aussi qu’ils sachent manier leurs forces, ainsi que leurs moyens de renseignement, avec habileté, coordination, initiative et, surtout, avec autant de prudence que de ferme détermination. ♦