Berlin et son statut
Ce petit livre est le premier, à notre connaissance, qui fasse le tour de la situation dans laquelle se trouve l’ancienne capitale de l’Allemagne dans les limites fixées par une loi de Prusse d’avril 1920 (le Gross Berlin) et découpée d’abord en zones d’occupation puis en deux par le fameux « mur de la honte ». Le statut qui régit la vie de cette ville est le fruit de toute une histoire dont la dernière péripétie est l’accord quadripartite de 1971.
M. Pierre Landy, de par les fonctions qu’il a exercées, connaît bien la ville. Il nous la décrit rapidement et nous en trace à très grands traits l’histoire dont les Français sont loin d’être absents à des titres très divers : émigrés protestants ou occupation après la bataille d’Iéna (14 octobre 1806). Le livre se termine par un tableau de l’existence actuelle de Berlin, à l’Ouest comme à l’Est, en donnant son cadre administratif (l’administration communale), sa population, sa vie économique et culturelle, enfin sa physionomie si particulière.
Le cœur de l’ouvrage n’en est pas moins la première partie intitulée « Eléments historiques et politiques de l’existence actuelle de Berlin (depuis la défaite du Reich hitlérien) ». Une fois de plus l’on constate que la partition de l’Allemagne et de sa capitale ne doit rien à la conférence de Yalta, mais a été décidée par la commission consultative européenne siégeant à Londres et qui, par le protocole du 12 septembre 1944, a décidé de la répartition des zones d’occupation. À Berlin, l’Union soviétique recevait ainsi huit des 20 arrondissements, dont le centre historique de la ville autour de l’avenue Unter Den Linden ; les États-Unis et la Grande-Bretagne en recevant chacun six. Cette dernière devait en céder deux à la France (les quartiers de Wedding et de Reinickendorf situés au Nord-Ouest de la ville).
Nous ne referons pas ici l’histoire de Berlin après 1945. On en connaît les grands traits : le blocus de 1948, la crise de 1958-1963 et enfin l’accord quadripartite de 1971, document qui a été passé à la fois entre plusieurs Nations et entre les deux Allemagne. M. Pierre Landy consacre un chapitre à l’analyse de cet accord qui s’applique à l’ensemble de la ville en dépit de la qualité de « capitale de la RDA » que reconnaissent les Soviétiques à leur secteur. La collaboration quadripartite ne subsiste que pour le centre de sécurité aérienne et la prison interalliée de Spandau avec son unique prisonnier, Rudolf Hess (un haut dignitaire nazi proche d’Adolf Hitler). Chacun des trois commandants militaires exerce une double fonction : en tant que chef du gouvernement militaire, il dépend de l’ambassadeur de sa Nation à Bonn (donc du ministre des Affaires étrangères), et en tant que commandant de secteur, il dépend directement de son ministre de la Défense. Il est assisté par un diplomate de haut rang appelé par les Français « ministre délégué », fonctions qui ont été remplies par M. Pierre Landy.
Relevons un dernier point : la RFA (République fédérale d’Allemagne) considère Berlin comme un de ses länder mais le droit d’occupation a le pas sur le droit constitutionnel allemand. Les représentants de Berlin-Ouest au Bundestag (Diète fédérale de l’Allemagne de l’Ouest) ne sont pas élus au suffrage universel, mais choisis, leurs voix sont décomptées à part et ne sont pas prises en compte lors de l’adoption des lois et l’élection du chancelier fédéral. ♦