Annuaire de l’Afrique et du Moyen-Orient : 1982, les forces armées dans le monde
Le groupe Jeune Afrique publie une lettre hebdomadaire. Défense et diplomatie, dont le directeur est M. Béchir ben Yahmed, qui est en même temps président du groupe. L’annuaire de l’Afrique et du Moyen-Orient édité par ce groupe comporte en fait quatre parties. La première est constituée par trois courtes études, une sur « La voix de Reagan… et de quelques autres », par Pascal Boniface, du Centre d’études et de recherche sur le désarmement et assistant à l’université de Paris 13 ; une deuxième sur « Le pétrole dans la paix et dans la guerre » par Philippe Simonnot ; la troisième, intitulée « Les conflits du Tiers-Monde dans les perspectives stratégiques de la décennie », étant une synthèse faite par Marie-Odile Durrande d’un débat entre experts réunis par l’Institut international des études stratégiques de Londres (IISS).
Les trois autres parties constituent l’annuaire proprement dit, c’est-à-dire l’analyse des forces armées dans le monde de 1982. L’analyse des forces armées dans les pays du continent africain et celle qui concerne les pays du Moyen-Orient donnent des renseignements sur les effectifs et les armements qui sont tirés du Military Balance 1981-1982, mais comportent également un grand nombre d’informations sur l’économie, en particulier sur les réserves en énergie, l’agriculture, les industries, les communications, l’évolution des dépenses militaires, l’évolution des effectifs, etc.
La dernière partie concerne les autres parties du monde et est une traduction à peu près littérale du Military Balance 1981-1982, sans les annexes qui sont remplacées par un relevé des commandes militaires des pays d’Afrique.
L’ensemble est un document fort bien présenté qui se consulte facilement. Les études sont intéressantes, même si on ne partage pas l’avis des auteurs dans certaines de leurs conclusions. Par exemple l’affirmation que « la seule géopolitique aujourd’hui aboutit fatalement au neutralisme européen, comme d’instinct les pacifistes l’ont compris ». Nombre de commentateurs aboutissent à la conclusion inverse. Certes, il peut exister une complémentarité des économies qui se jouxtent de l’Atlantique à l’Oural, mais c’est, à notre avis, une vue bien étriquée du monde et de l’interdépendance des économies, avec celles du Tiers-Monde en particulier. Ou alors, il y a un présupposé idéologique qui transparaît quand on invite le vieux monde à « s’appuyer sur l’Est pour mieux s’assurer son hinterland et sa tranquillité de retraité de l’Histoire ».
Il reste à signaler que ce qui est traduction du Military Balance est sujet à caution. On peut y relever de nombreuses erreurs matérielles (comme celle qui donne à la France un budget militaire de 10 444 milliards de francs au lieu de 104,44). Plus graves sont des erreurs de traduction qui constituent des faux-sens ou des contresens, le traducteur manquant probablement de connaissances militaires. Par exemple : USAF Federal Aviation Authority est traduit par « autorités de l’aviation fédérale de l’US Air Force », alors qu’il s’agit d’un système commun aux militaires de l’USAF et aux civils de la FAA. Autre exemple : on traduit « providing protection for the leadership » par « la protection de la suprématie », alors qu’il s’agit de protéger les dirigeants. La traduction des documents techniques est toujours une chose difficile et doit être soigneusement revue par quelqu’un de la partie, si le traducteur lui-même n’est pas suffisamment qualifié, non sur la langue, mais sur le sujet traité.
Finalement c’est la partie Afrique et Moyen-Orient qui sera de loin la plus intéressante, par la richesse de son information originale. ♦