La négociation internationale
Dans un article publié par notre revue en juin 1974, M. Alain Plantey avait « comparé l’art de la diplomatie à celui de la guerre », qui sont des formes « concomitantes et parfois concurrentes » des relations entre les groupes humains, la « négociation » étant pour l’un ce que la « bataille » est pour l’autre. Il nous donne aujourd’hui, dans un ouvrage très dense et parfaitement documenté, la somme de ses réflexions sur les principes et les méthodes de la négociation internationale.
L’importance qu’elle a prise dans les relations entre États, dans le cadre des institutions internationales ou en dehors de ce contexte, tient à ce qu’elle peut être le moyen d’harmoniser les divers desseins nationaux concurrents, de régler les différends et d’éviter des conflits aux conséquences aisément dramatiques. Il est bon de passer en revue les divers cas d’emploi de la négociation et les divers aspects qu’elle peut revêtir dans la complexité du monde présent. Nul n’était plus qualifié pour le faire qu’un auteur constamment placé par sa brillante carrière à la lisière commune des domaines juridiques et diplomatiques. Alain Plantey associe la culture d’un spécialiste connu du droit international à l’expérience acquise dans des postes de haute responsabilité en tant qu’éminent haut fonctionnaire national ou européen.
Sans chercher à présenter les 2 680 paragraphes en lesquels s’articule cet ouvrage, nous pensons donner une idée de leur esprit et de leur pénétration en en citant deux seulement, peut-être un peu arbitrairement choisis entre tant de remarques pertinentes, mais nous paraissant hautement significatifs et se reliant à nos souvenirs personnels :
304 : … L’expression de la magnanimité ou de la bienveillance est, dans une négociation sérieuse, interprétée comme un signe de faiblesse, de vulnérabilité ou comme une ruse ; elle ne porte pas l’interlocuteur à agir de même…
2 388 : … Ramener la négociation à des règles théoriques est impossible et vain, car elle constitue un art fait d’observation et de déduction, d’analyse et de synthèse, dans lequel l’expérience personnelle, l’intuition et l’improvisation sont aussi importantes que la connaissance du droit, des usages et de l’histoire. ♦