De Salan… à Boumediène
L’intégration était possible et l’Algérie serait restée française si le général de Gaulle n’avait pas ouvert l’option de l’autodétermination, désignant ainsi le FLN (Front de libération nationale) comme le futur vainqueur alors qu’en fait la victoire lui était déniée par nos armes, telle est la thèse que soutient ce saint-cyrien de la promotion 1931-1933, aujourd’hui gérant de L’Équipe.
Encore un général, dira-t-on, qui veut refaire l’histoire et rejouer une bataille perdue ? Voire ! Si les Français avaient su il y a vingt ans ce qui allait advenir du pétrole auraient-ils voté avec une telle unanimité, au référendum de 1961, le largage.
Certes, pour que l’intégration fût possible, il eût fallu s’y prendre beaucoup plus tôt. Le refus d’appliquer le statut de 1947 qui se bornait pourtant à élever nos musulmans du rang de sujets à celui de citoyens, fut vraiment la dernière chance d’éviter l’explosion de la révolte. Sans l’aide de la métropole et sans sa pression très ferme, comment un million d’Européens qui se partageaient, en 1954, 56 % du produit algérien auraient-ils admis d’en rétrocéder une plus large part à ceux (neuf millions) qu’on nomma par la suite les FSNA, « Français de souche nord-africaine », mais qui pour beaucoup restèrent toujours « les Arabes » ?
L’auteur sait tout cela et, pour sa part, nous n’en doutons pas, il était prêt à réaliser cette intégration quoi qu’il en eût coûté à sa belle-famille algéroise. Sa conviction et son amour pour la terre d’Algérie et pour son peuple sourdent tout au long de ces pages ferventes, et c’est ce qui finit par rendre attachante la lecture d’un livre qui, de prime abord, est irritant, à commencer par son titre.
Commandant du secteur d’Adrar, puis de celui de Bône, René Laure a tenu une sorte de journal de marche de sa lutte contre la rébellion et de sa tentative de pacification. Tous ceux qui, à quelque échelon que ce fût, ont eu à mener le même dramatique combat retrouveront dans ces pages empreintes de sincérité leurs propres souvenirs, leurs espoirs et leurs déchirements. Ils n’approuveront pas pour autant les jugements passionnels et les règlements de compte de l’auteur.
Hélas non, mon général, l’intégration n’était pas possible ! Mais qui vous reprochera d’y avoir cru ? Le centurion, s’il n’a pas foi dans sa mission, comment mènera-t-il le combat ? ♦