Les véhicules blindés français 1900-1944
Cet ouvrage, abondamment illustré de photographies le plus souvent inédites, retrace par le détail l’histoire du matériel automobile spécialisé, utilisé dans l’armée française sur le théâtre d’opération métropolitain et d’outre-mer, de 1900 à 1944. Il comprend les véhicules, improvisés, étudiés ou produits en série pour les différentes armes, ce qui permet en fait de suivre l’évolution des doctrines.
Pour la cavalerie, il part de la première automitrailleuse Girardot et Voigt de 1902 et de celles de 1914. Il étudie les Automitrailleuses de cavalerie ou de combat (AMO) de reconnaissance (AMR) ou de découverte (AMD) d’entre les deux guerres, jusqu’au char S-35 SOMUA de 19 t qui équipait, en 1940, les dragons et cuirassiers des divisions légères mécaniques (DLM), excellent engin que les Allemands devaient récupérer. Ne sont pas oubliées les « voitures blindées de transport de combattants », les voitures de liaison et de commandement blindés et les véhicules improvisés de la dernière guerre.
L’histoire de « l’artillerie spéciale » est particulièrement significative. On voit se développer les idées du général Estienne avec le char Schneider de 1916, le char Saint-Chamont et le char léger Renault FT-17. Mais l’artillerie spéciale disparait dans la réorganisation de l’armée d’après 1918, pour être absorbée par l’infanterie. Celle-ci fait produire des chars légers successeurs du FT-17. Elle développe le « char de bataille » du général Estienne qui est destiné à combattre d’autres chars, pour aboutir au char le plus puissant de 1940, le B1 bis de 31 t armé d’un canon de 47 mm qui équipera les divisions cuirassées. Un char lourd de 45 t est également étudié pour la destruction des fortifications mais ne verra jamais le jour.
L’infanterie, entre les deux guerres, a également développé ses engins légers d’accompagnement et de ravitaillement dont le plus connu est la chenillette Renault de 1931 et celle de 1937. L’artillerie prend sa part dans l’histoire des blindés avec les véhicules porteurs d’armes antiaériennes et l’artillerie automotrice (un automoteur de 370 mm a été étudié mais n’a jamais été réalisé). Le génie est présent avec ses engins de franchissement, ancêtre des ponts Gillois, dont l’engin Somua-Coder expérimenté en 1939.
L’outre-mer a ses véhicules propres, par exemple le char colonial Renault D 3, l’automitrailleuse AMD Laffly SISTOE dont le 5e régiment de spahis algériens se servait encore en 1946. Au Levant fleurissent les engins adaptés au désert et le Bren Carrier britannique, analogue à nos chenillettes. Quelques pages sont également réservées à l’Extrême-Orient et aux exportations.
L’ensemble forme un petit livre bien présenté, dont la documentation paraît très précise et très claire. Il illustre les tâtonnements et les difficultés rencontrées dans une histoire déjà longue et très controversée. ♦