Nuclear Energy and Nuclear Weapon Proliferation
Ce livre contient les communications faites par des experts ayant participé, du 12 au 16 octobre 1978, à un symposium tenu à Stockholm sous l’égide du SIPRI, pour préparer la seconde conférence de révision du Traité de non-prolifération (TNP) qui doit se tenir au milieu 1980 à Genève. Au nombre de 21, ces communications ont été rédigées par des personnalités appartenant à 10 Nations : Américains, Hollandais, Allemands, Soviétiques, Suédois, Autrichien (Dr. Adolf Von Baeckmann, directeur à la division du développement et du soutien technique de l’AIEA), Français (MM Bertrand Barré et Jean H. Coates, du Commissariat à l’Énergie atomique), Italiens, Britanniques et Canadiens.
Un tel ouvrage souffre de la diversité de ses rédacteurs, malgré les efforts du SIPRI, en particulier du docteur Bhupendra M. Jasani qui a rédigé les introductions aux différentes parties, regroupant les contributions individuelles suivant des rubriques assez vagues pour n’avoir pas reçu de titre. Les chapitres dont sont constituées ces parties sont cependant plus précis, et chacun comporte un nombre variable de communications se rapportant à un même sujet : cycle du combustible, enrichissement, retraitement, déchets radioactifs, barrières physiques supposant à la prolifération (1er partie), surrégénérateurs, réacteurs hybrides (2e partie), technologie des barrières contre la prolifération, politiques d’exportations, contrôles multinationaux (3e partie), explosions nucléaires « pacifiques », réacteurs des satellites (4e partie), mise en œuvre du TNP, rapports entre énergie nucléaire et prolifération des armes nucléaires.
Cette énumération montre que ces sujets appartiennent à un large éventail de points, tous forts intéressants, traités par des spécialistes venant d’horizons très divers. La somme des renseignements donnés dans l’ensemble des contributions est impressionnante, mais les informations elles-mêmes sont souvent très dispersées, donc difficiles à exploiter. Comme on pouvait s’y attendre, la tendance antinucléaire, tant civile que militaire, est très largement représentée, en particulier du fait du poids de la participation américaine (8 experts). Les nécessités d’emploi du nucléaire pour la production d’électricité ne sont mises en avant que par le représentant français, alors que l’on insiste lourdement sur la politique du président Carter par une communication qui ne comporte pas moins de 16 annexes donnant la législation américaine récente dans le domaine nucléaire. Les deux derniers chapitres ne sont pas des communications mais des tentatives de synthèse faite par les membres du SIPRI, qui ne cachent pas des opinions fortement orientées. Ainsi, l’introduction du chapitre 14 (Nuclear Energy and Nuclear Weapon Proliferation) déclare : « Toute nation qui acquiert des réacteurs nucléaires à des fins pacifiques aura du personnel formé à la technologie nucléaire, et il n’y a ensuite qu’un pas à franchir pour acquérir la technologie permettant de fabriquer des armes nucléaires. Si les matières nécessaires à la fabrication de ces armes se trouvent disponibles, une nation de ce type est un État nucléaire potentiel. Ainsi, la diffusion de l’emploi de l’énergie nucléaire à des fins civiles mène probablement à une « prolifération horizontale », c’est-à-dire à l’augmentation du nombre des États possédant des armes nucléaires ».
C’est l’évidence même, et l’on ne peut nier les dangers de prolifération que les deux chapitres énumèrent complaisamment. Mais peut-on se passer de produire de l’électricité par des centrales nucléaires ? Les ressources en uranium connues permettent-elles de se passer des surrégénérateurs si on veut éviter, vers 2050, une situation analogue à celle que l’on risque de connaître pour le pétrole à partir de 1990 ? Le SIPRI avoue que les réunions faites sous l’égide de l’INFCE (International Nuclear Fuel Cycle Evaluation) risquent d’être peu satisfaisantes, car beaucoup de nations auront pris des engagements avant la fin des deux ans prévus pour ces réunions. Par exemple, le Royaume-Uni a décidé de continuer son usine de retraitement de Windscale, malgré sa participation active à l’INFCE. La solution qui semble avoir la préférence du SIPRI, telle qu’elle est exposée dans la préface, est de placer les parties sensibles du cycle du combustible sous l’autorité d’une agence internationale responsable de leur sécurité, de créer un dépôt international des déchets radioactifs avec une banque internationale de matières fissiles, et de développer toutes les autres sources d’énergie. Dans l’esprit du SIPRI ceci aboutit à une organisation mondiale chargée des problèmes énergétiques. Nous nageons donc en pleine utopie. On ne voit d’ailleurs pas quel serait le prétexte pour lequel les nations industrialisées refuseraient aux pays en voie de développement l’appui technologique dans le domaine nucléaire civil qu’elles leur ont promis lors du TNP, en 1968. ♦