À propos de l'ouvrage de Valéry Giscard d'Estaing : Démocratie française (Éd. Fayard ; 175 pages)
Politique et relations internationales à travers les livres - De l'indépendance à la solidarité et à la coopération
Comment assurer la sécurité internationale, économique et sociale d’un pays comme la France dans un monde en proie aux plus vives tensions et désemparé par le craquement des idéologies traditionnelles ? Flaubert, que l’on dit l’écrivain préféré du Président Giscard d’Estaing, parle de cette jeunesse « assez intelligente et assez forte pour concevoir un idéal, mais pas assez pour le réaliser ». Nous ne sommes plus sous la Monarchie de Juillet, et si aujourd’hui quelques enragés de l’écologie aimeraient pouvoir mener paître des chèvres sur les ruines de nos centrales, les Français veulent cerner l’horizon et maîtriser leur avenir, un avenir « qu’ils redoutent plus qu’ils ne l’aiment ». Le livre du Président de la République (1) est là pour les y aider. Ce n’est pas un itinéraire de rêve mais un projet de société.
Un projet que d’aucuns se sont aussitôt empressés d’examiner à la manière d’un huissier consultant un état des lieux. Comme s’il s’agissait bien de cela ! Du coup, nombre d’analyses sont passées à côté de l’essentiel, même parmi les laudateurs. En fait ce livre ouvre une controverse en même temps qu’il en fixe les limites. La conclusion est assez explicite à ce sujet. Il n’est pas question pour un pays comme la France de dériver vers un capitalisme sauvage ou vers le collectivisme, voire la révolution. L’histoire contemporaine est déjà trop marquée par ces deux lèpres que sont, d’une part, les empiétements de l’État sur le reste de la vie sociale et, d’autre part, l’insurrection de l’individu contre l’espèce. La parade, pour M. Valéry Giscard d’Estaing, c’est une société pluraliste. Elle seule sauvegardera la diversité, permettra l’épanouissement individuel tout en évitant au « tissu social » de se déchirer : un souci que le président exprime à plusieurs reprises.
La cohésion de la société ne peut être procurée par l’État seul. Il existe dans le corps social des facteurs qui lui sont hors d’atteinte et qu’il ne doit pas altérer, même si la complexité croissante de nos sociétés peut exiger des prescriptions de plus en plus nombreuses. « Il doit y avoir une limite à cette prise en charge collective dans une société tournée vers l’épanouissement de l’homme » (p. 76). Pas de fourmilière collectiviste, donc. D’autant que le Pouvoir se nourrit et s’étend en fonction des théories qu’on professe à son endroit. Or, c’est l’essor de la société qu’il faut rechercher, non l’hypertrophie de l’État, laquelle devient oppressive : « si les puissances économiques coïncident avec le pouvoir d’État, qui nous protégera des puissances économiques ? » (p. 102).
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