Antimilitarisme et révolution. Tome I : Anthologie de l’antimilitarisme révolutionnaire
Actuellement, nombre d’ouvrages paraissent sur un sujet à la mode : l’antimilitarisme. Dans la même veine, voici un ouvrage qui a le mérite de présenter un choix de textes tournant autour de l’antimilitarisme révolutionnaire. Les auteurs envisagent deux grandes périodes séparées par la Seconde Guerre mondiale. Le tome I va jusqu’en 1921 (le second venant de paraître, nous en rendrons compte prochainement). Dans une introduction dense servant de présentation aux textes, Alain Brossat et Jean-Yves Potel proposent une interprétation des courants antimilitaristes qui débouchent sur des situations concrètes actuelles.
Les textes, classés par grandes périodes, tournent autour de la problématique antimilitarisme-révolution. Il est assez significatif que les auteurs fassent coïncider les origines de ce mouvement antimilitariste avec la Révolution de juin 1948, illustrée par des extraits des écrits militaires de Marx et d’Engels. Avec la « Belle Époque », sont abordés les problèmes de la condition des conscrits (Gustave Hervé, Le Pioupiou de l’Yonne), le rôle de l’armée au cours des grèves (M. Marty, Fraternisation), l’action de la CGT (Nouveau Manuel du Soldat, Le Sou du Soldat…). Au cours de cette période, l’antimilitarisme ouvrier est perçu à travers des réalités économiques, c’est essentiellement « une action d’autodéfense élémentaire dans la grève ». S’agissant des mutineries de 1917, les auteurs tentent de faire croire, avec un manque total d’objectivité, que l’on n’en connaîtra jamais le véritable déroulement. Toutefois, ce chapitre présente un intérêt certain puisqu’il aborde les mutineries du contingent russe en France, et leur tragique répression au camp de La Courtine, affaire sur laquelle la documentation est en effet peu abondante. Dans une optique révolutionnaire, sont relatées les mutineries des marins allemands d’après les mémoires d’un ancien marin du cuirassé Frédéric le Grand, ainsi que celles de la mer Noire par André Marty qui dénonce le manque d’idéologie et d’organisation révolutionnaire des marins et des soldats. On peut déplorer le manque de diversité des sources en ce qui concerne la Révolution Russe, vue essentiellement à travers l’œuvre de Trotsky.
L’intérêt de cet ouvrage, qui se réclame à l’évidence de l’extrême-gauche, réside donc bien plus dans la réunion de textes jusqu’à présent épars – les uns célèbres, les autres peu accessibles, d’autres méconnus – que dans le commentaire partial qui en est fait. ♦