Le nouvel homme et la mer (entretiens avec Maurice Bruzec)
Nous avons tous souvent entendu dire au cours de nos études que l’avenir des nations dépendait de leur puissance maritime. Cette affirmation était essentiellement fondée sur l’étude de l’Histoire et avait donc un caractère politique et militaire. Elle est reprise par Yves La Prairie, mais à un tout autre point de vue. C’est la survie matérielle de l’humanité qui le préoccupe, beaucoup plus que la primauté de tel ou tel pays.
Tout au long de son ouvrage il nous présente l’immense variété des ressources que fort heureusement recèlent les océans, les mers, les zones littorales. Ressources alimentaires, en premier lieu, qu’il s’agisse de pêche ou des nouvelles techniques de l’aquaculture. Ressources en eau douce (aussi paradoxale que cela puisse paraître), grâce au remorquage des icebergs vers les zones désertiques de l’Afrique et de l’Asie. Ressources énergétiques, sous forme de pétrole offshore, ou par l’utilisation directe des différentes énergies marines (vents, marées, courants). Ressources minérales, enfin ; métaux contenus dans les nodules, phosphates, etc. dont l’exploitation commerciale ne dépend plus que de quelques perfectionnements techniques.
L’intérêt du livre tient à la grande précision des renseignements qu’il contient. Il ne s’agit pas du tout de spéculations hasardeuses et d’extrapolations. Yves La Prairie a une connaissance concrète et directe de tous les problèmes qu’il évoque, car c’est lui qui a lancé, il y a dix ans, puis développé, le Cnexo, Centre national pour l’exploitation des océans, organisme spécialement créé par le général de Gaulle non pas tellement pour stimuler les connaissances théoriques en matière d’océanologie – ce qui se pratiquait déjà – mais pour les faire déboucher sur des réalisations tangibles. Grâce à Yves La Prairie, et aux hommes qu’il a su grouper autour du Cnexo, la France occupe dans ce domaine une place éminente, qui serait la première si les crédits pouvaient lui être un peu plus largement dispenses.
En refermant ce livre vivant et dynamique, on ne manquera pas de formuler le souhait qu’il soit mis entre les mains du plus grand nombre possible de jeunes. Ils constateront en le lisant que l’ère des explorations et des aventures n’est pas close et qu’il reste encore sur notre planète bien des choses passionnantes à entreprendre et beaucoup de rêves susceptibles de se muer en réalisations. ♦