Histoire de ma vie
Après les Mémoires de Ben Gourion et de Golda Meir, ceux de Moshe Dayan complètent en quelque sorte le tableau des personnages historiques qui ont marqué la vie de l’État hébreu. C’est cependant moins le déroulement d’une carrière pourtant aventureuse que nous suivons, que l’histoire politique et surtout militaire d’une nation et d’un peuple bien souvent malmenés. Né de parents ukrainiens en Israël, Moshe Dayan évolue dès sa jeunesse dans le milieu des « pionniers » des premiers kibboutz. Entré en 1929 dans la Haganah, l’organisation d’autodéfense des juifs de Palestine, il est successivement paysan, maçon, étudiant, mais c’est son entrée dans la carrière militaire, sous les auspices de l’armée britannique, qui oriente définitivement sa vie.
Si les méthodes de l’armée de Sa Majesté le déçoivent, il ne manque pas d’être impressionné par le colonel Wingate, officier britannique pro-sioniste, aux méthodes peu orthodoxes mais efficaces.
Moshe Dayan a le mérite, tout au long de son livre, de reconnaître les faits, de ne pas chercher à les adapter ni à les interpréter ou à les dissimuler. C’est ainsi qu’il mentionne fréquemment l’entente qui régnait entre Juifs et Arabes, et surtout entre Juifs et Bédouins. C’est ainsi qu’il décrit avec une grande objectivité l’attitude tantôt hostile, tantôt amicale de la Grande-Bretagne et qu’il évalue lucidement la nature de la menace soviétique.
Car c’est d’abord un « technicien de la guerre » qui écrit. Et quand il retrace devant nous les grandes étapes de l’histoire d’Israël auxquelles sa vie personnelle est étroitement liée, c’est sans s’arrêter longtemps aux détails de celle-ci. La guerre d’indépendance (1948-1949), la guerre de Suez (1956), la guerre des Six jours (1967), la guerre du Kippour (1973), constituent les points centraux de son récit où les considérations militaires et surtout stratégiques l’emportent sur l’analyse politique. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1958 que Moshe Dayan entre dans la « carrière politique » à proprement parler aux côtés de Ben Gourion auquel il voue une admiration sans bornes et qu’il suivra en 1963 quand celui-ci créera le Rafi.
Plus tard, toujours intéressé par les questions de défense et alors qu’il ne fait pas partie du gouvernement, en 1966, Moshe Dayan part pour le Vietnam, « le seul laboratoire militaire de l’époque », pour savoir « ce qu’est une guerre moderne ». Il le saura dix mois plus tard, avec la guerre des Six jours.
Il y a peu de considérations philosophiques ou politiques dans cet ouvrage, de brèves indications seulement sur la vie personnelle, point de jugement sur le comportement des États, aucune rancune et jamais de protestations. Un exposé des faits tels qu’il les a vécus. C’est donc un document de première importance tant pour la connaissance des guerres menées par Israël que pour l’appréciation de la situation et des relations réelles existant entre les protagonistes du conflit du Moyen-Orient. ♦